La guerre des taxes à Laval
À deux mois des élections municipales, tous les candidats promettent une baisse ou un gel, sauf le maire sortant
Les quatre adversaires du maire de Laval Marc Demers aux élections municipales promettent de geler ou baisser les taxes, ce qui serait irresponsable, selon le maire sortant.
Les élections municipales auront lieu le 3 novembre, mais déjà, le dossier des taxes crée des remous à Laval.
« Il faut tout ignorer de l’administration d’une ville pour envisager un gel de taxes sur plusieurs années. C’est une proposition irresponsable », dit M. Demers.
Celui-ci cite la dette de Laval et le déficit du fonds de pension des employés de la Ville pour appuyer son point.
Pourtant, ses quatre rivaux ont eux aussi fait leurs calculs et tous font le même constat : les Lavallois sont trop taxés.
« Depuis trois ans, les taxes ont grimpé de 6,5 % à Laval, c’est bien plus que l’inflation, dénonce Michel Trottier, candidat de Parti Laval. On sait que chaque année la Ville fait des surplus. Selon nos comptables et fiscalistes, nous pouvons geler les taxes durant les quatre prochaines années sans changer les services aux citoyens. »
RÉPIT AUX FAMILLES
Pour Sonia Baudelot, candidate d’Avenir Laval, il est même possible de promettre un gel durant huit ans avec une baisse de 0,6 % la première année. « Nous souhaitons donner du répit aux familles, dit-elle. Présentement, un enfant sur quatre vit dans la pauvreté à Laval, ce n’est pas acceptable. »
L’actuel chef de l’opposition et candidat d’Action Laval, Jean-Claude Gobé, promet quant à lui une baisse de 3 % dès la première année, puis un gel ou une baisse selon les marges de manoeuvre qu’il dégagera. « Je financerai avec les excédents des réserves financières et j’abolirai le fonds Place-du-Souvenir », soutient le politicien en parlant du fonds créé grâce aux sommes remboursées par l’ex-maire Gilles Vaillancourt, condamné pour fraude.
Enfin, Alain Lecompte, candidat de l’Alliance des conseillers autonomes, compte lui aussi sur les surplus amassés pour prévoir un gel des taxes. « J’envisage même une baisse, mais je ne veux pas m’avancer tant qu’on n’aura pas en main toutes les données », dit-il.
Face à ce concert de promesses, le maire Demers ne souhaite pas répéter celle qu’il avait faite en 2013, soit de geler les taxes la première année. « Les indicateurs que nous avions à l’époque nous permettaient de penser que c’était un risque calculé. Mais aujourd’hui, ce n’est pas sain », dit-il.
FRUSTRATION
M. Demers promet toutefois de garder la hausse de la taxation sous le seuil de l’inflation.
Pour M. Gobé, cette position est insuffisante et crée de la frustration. « Il faut y ajouter la hausse continue de l’évaluation foncière, qui pèse sur les propriétaires », rappelle-t-il.
Mme Baudelot va plus loin. « Nos rues sont pleines de trous et mal déneigées, alors, avec un tel niveau de taxation, il y a un risque de voir les gens s’installer plus au nord », dit-elle.
« Ça me fend le coeur de le dire, mais de nombreux citoyens me disent qu’ils étaient mieux servis sous Vaillancourt », assène M. Trottier.
Imperturbable, le maire Demers fait le dos rond. « Je ne suis pas sûr que la taxation soit une grande préoccupation de la population », assure-t-il. Son équipe aurait en main la preuve chiffrée du désastre encouru par la Ville en cas de gel des taxes, mais n’a pas voulu la fournir au Journal.