Les Colombiens se préparent à accueillir le pape François
Nouveau voyage en Amérique latine, nouveaux défis pour le souverain pontife
CITÉ DU VATICAN | (AFP) Le voyage, cette semaine, du pape François en Colombie (du 6 au 10 septembre) constitue un nouveau défi pour celui qui en a déjà relevé plusieurs en Amérique latine, sa terre d’origine, depuis son élection en 2013.
Après le Brésil (en 2013), l’Équateur, la Bolivie et le Paraguay (en 2015), Cuba (en 2015 et 2016), le Mexique (en 2016), le pape se rendra au Chili et au Pérou du 15 au 21 janvier.
Le pape argentin, qui doit visiter Bogota, Medellín, Villavicencio et Carthagène des Indes, a joué un rôle clé dans le processus de paix qui a conduit, cette année, au premier cessez-le-feu bilatéral jamais conclu entre les autorités colombiennes et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) après plus d’un demi-siècle d’un conflit sanglant.
« Avec ce voyage, le pape dit à l’ensemble de la région qu’un cycle est arrivé à son terme », estime Gianni La Bella, spécialiste de l’Amérique latine au sein de la communauté catholique de Sant’Egidio.
« Il dit aussi que le conflit armé est derrière nous, qu’il n’est plus justifié et que les chrétiens ont choisi le chemin de la non-violence », précise-t-il.
Le chef de l’Église catholique s’emploie aussi à venir en aide au Venezuela voisin, pour que le pays trouve une issue à la profonde crise politico-économique qu’il traverse. Il a déclaré en mai qu’il était d’accord pour que le Vatican reprenne le rôle de « facilitateur » entre l’opposition et le gouvernement du président Nicolas Maduro, après l’échec d’une première médiation en 2016.
« Au Venezuela, la situation est bloquée. Les efforts du Saint-Siège en faveur du dialogue ont échoué », estime Gianni La Bella.
CUBA
Le pape a pesé de tout son poids pour faciliter le rapprochement diplomatique historique entre Cuba et les États-Unis en 2015. Mais le Vatican est resté silencieux après les tensions apparues entre les deux pays depuis l’élection de Donald Trump à la Maison-Blanche. Le nouveau président américain a menacé de faire machine arrière si La Havane n’offrait pas plus de contreparties sur les droits de l’homme ou l’économie de marché.
« Le Saint-Siège fait la même chose que Cuba : attendre et voir si les annonces de Trump se transforment en mesures concrètes avant de s’exprimer », explique Luis Badilla, fondateur du site spécialisé Il Sismografo, proche du Vatican.
« OSER RÊVER »
À l’occasion de sa visite au Mexique en février 2016, le souverain pontife a exhorté les Mexicains à « oser rêver » d’une vie libérée du crime dans une région déchirée par la violence entre gangs de la drogue.
« Ce n’est pas vrai que la seule manière de vivre, de pouvoir être jeune, c’est de remettre sa vie entre les mains du narcotrafic ou de tous ceux qui ne font que semer la destruction et la mort », avait-il déclaré devant 100 000 jeunes.
Selon Luis Badilla, le voyage du pape sera aussi pour lui l’occasion d’évoquer la violence et la corruption dans des pays comme le Brésil, où un énorme scandale a conduit une partie de la classe politique derrière les barreaux.