Le métier méconnu de lobbyiste
Au Québec, personne n’a autant de mandats qu’Alain Lemieux en affaires municipales. C’est lui le n° 1.
Le Journal s’est entretenu avec ce superlobbyiste qui compte plus de 26 ans d’expérience. Que faites-vous de vos journées ?
Contrairement à ce que les gens pensent, on ne passe pas nos soirées à souper avec des politiciens... C’est très rare. C’est un mythe, tout ça. Aujourd’hui, si vous voulez parler à un élu municipal, le fonctionnaire va vous demander si vous êtes inscrit. Si vous ne l’êtes pas, il ne vous parlera tout simplement pas.
Est-ce un métier payant ? Combien gagnez-vous ?
Un lobbyiste se fait payer à l’heure. Pour ma part, je gagne 300 $ l’heure. C’est probablement plus à Ottawa... et beaucoup plus encore à Washington. Saviez-vous que la loi interdit que nous soyons rémunérés en raison du succès d’une opération ?
Comment aidez-vous vos clients à séduire les élus ?
Une société peut nous demander si une réglementation de zonage va l’affecter. Nos clients veulent aussi des contacts, un réseau. Élus ou non élus, ils désirent connaître les acteurs impliqués directement ou indirectement dans un dossier pour faire avancer leurs projets. Nous les aidons également à élaborer leur stratégie.
Est-ce que le lobbyisme est bien encadré au Québec ?
La Loi sur la transparence et l’éthique en matière de lobbyisme a 15 ans. Ça va bien. On devrait par contre obliger les organismes à but non lucratif à s’inscrire au Registre. Je ne trouve pas normal qu’un développeur doive le faire alors que ses opposants non. Ça crée une discrimination. Il faut aussi augmenter le budget du Commissaire au lobbyisme et rehausser les sanctions, qui vont jusqu’à 25 000 $.