Pluie de rires sur la Mostra
Three billboards outside Ebbing, Missouri reçoit un bel accueil
VENISE | (AFP) La Mostra de Venise a ri aux éclats hier, en découvrant Three billboards outside Ebbing, Missouri, la dernière tragicomédie aux dialogues ciselés du Britannique Martin McDonagh, avec l’actrice Frances McDormand dans le rôle d’une mère en deuil partie en guerre contre la police locale.
Cela fait sept mois qu’elle n’a pas eu de nouvelles de l’enquête sur l’atroce mort de sa fille : Mildred Hayes (la formidable actrice Frances McDormand) décide de placarder sur trois panneaux publicitaires l’incompétence du très apprécié chef de la police locale William Willoughby (Woody Harrelson).
« Il me semble que la police est trop occupée à torturer des Noirs pour faire quoi que ce soit pour résoudre un vrai crime », lance sur une chaîne de télé locale cette mère brisée et enragée.
Et nous voilà partis pour deux heures de comédie féroce, rythmée par les pires jurons que l’Amérique ait engendrés et des propos allant au-delà du politiquement incorrect...
En compétition pour le Lion d’Or du Festival de cinéma, le cinéaste irlando-britannique a expliqué lundi devant la presse de la Mostra qu’il adorait jouer sur le décalage.
HUMOUR ET MÉLANCOLIE
Le dramaturge et homme de théâtre a écrit le scénario de son troisième long-métrage en pensant spécifiquement aux acteurs.
« C’est vraiment un grand scénario, comme devrait l’être un bon morceau de littérature », apprécie l’actrice principale Frances McDormand.
Pour camper son personnage déterminé, elle avoue avoir puisé dans les films de cow-boy de John Wayne, le héros prêt à défier toute sa ville pour que justice soit rendue.
Le réalisateur dit l’avoir choisie pour sa « dextérité à manier l’humour et la mélancolie », ingrédients chers à son cinéma, mais aussi pour sa « sensibilité à la classe des travailleurs ». L’actrice incarne une petite boutiquière sans le sou abandonnée par son mari parti avec une jolie fille de 19 ans profondément idiote.
« Les protagonistes étaient déjà parfaitement définis dans le scénario », confirme Harrelson. Il joue le rôle nuancé du commissaire en train de mener lui-même une bataille contre la maladie et qui n’incarne peut-être pas, en définitive, l’ennemi juré.
« L’histoire commence comme une guerre presque à la mort entre deux êtres qui, chacun à sa manière, ont raison », analyse le cinéaste.
Les hostilités vont crescendo avec le numéro deux du poste de police Dixon (Sam Rockwell), garçon immature vivant chez sa mère, lent, raciste et ultraviolent.
Il est paradoxalement l’un des personnages les plus drôles, qui finira par devenir sympathique dans ce film qui brouille habilement les pistes entre bons et méchants.