12 morts de surdose à Montréal
Les autorités n’avaient confirmé cette année que deux décès liés à cet opioïde
Au moins douze personnes seraient mortes d’une surdose liée au fentanyl à Montréal au cours du seul mois d’août, selon le maire Denis Coderre, qui évoque une « crise anticipée ».
Ce chiffre reste à confirmer, car des analyses sont encore en cours. Il marque néanmoins une nouvelle étape dans la crise du fentanyl qui frappe depuis quelques semaines la ville, selon plusieurs acteurs du monde communautaire.
Si de nombreuses surdoses liées à l’opioïde ont été signalées ces derniers jours, seuls deux décès causés par le fentanyl avaient été confirmés jusqu’ici cette année à Montréal.
Malgré cela, le maire Denis Coderre s’est voulu rassurant lors d’un point presse donné hier sur le sujet.
« Nous ne vivons pas une crise, mais plutôt une crise anticipée, car cela fait plusieurs mois que nous nous préparons », a-t-il dit.
Le maire, qui avait rencontré en matinée plusieurs acteurs du groupe de vigie des surdoses de Montréal, a présenté les différentes pistes envisagées par la municipalité pour tenter de limiter les ravages de cet opioïde très puissant.
La naloxone, l’antidote le plus efficace contre les surdoses d’opioïdes, était logiquement au centre de ces réflexions.
Après avoir précisé que 24 personnes avaient pu être sauvées durant le mois d’août grâce à ce produit, Denis Coderre a évoqué la possibilité de former les policiers et surtout les pompiers à son usage.
OUTILS
« Urgence Santé a déjà les outils nécessaires, maintenant si on veut élargir à l’ensemble des premiers répondants, il faut voir comment on peut le faire », a-t-il expliqué. M. Coderre a cité l’exemple des arrondissements de Ville-Marie et Hochelaga-Maisonneuve où il estime que des projets pilotes de formation des pompiers pourraient être mis en place rapidement.
« Ce n’est décidément pas assez, ce sont tous les pompiers et policiers qui devraient être formés », rétorque Jean-François Mary, directeur de l’Association québécoise pour la promotion de la santé des personnes utilisatrices de drogues.
Cet expert juge néanmoins que l’intervention de Denis Coderre est positive.
« Quand l’on regarde ce qui s’est passé à Toronto ou Vancouver, où les maires ont mis plusieurs mois à se saisir du sujet on peut se dire que c’est un bon signe, commente-t-il. Nous avons besoin d’une action municipale forte sur les opioïdes. »
PHARMACIES
Pour M. Mary, l’urgence est de faciliter l’accès à la naloxone. Aujourd’hui, seules quatre pharmacies à Montréal disposent de l’antidote en tout temps. Les autres peuvent le commander à la demande d’un client.
« Il n’y a qu’au Québec que c’est si compliqué de s’en procurer, déplore Jean-François Mary. Il faudrait que les organismes communautaires comme le mien puissent être fournis directement par la santé publique plutôt que de passer par les pharmacies. »
Du côté des pharmaciens, on se dit ouvert au dialogue.
« S’il faut modifier le système pour fluidifier l’accès à la naloxone, nous ne nous y opposerons pas », assure Manon Lambert, directrice de l’Ordre des pharmaciens du