Le Journal de Montreal

Trop risqué de libérer l’ancien roi de la cocaïne

Le caïd Raymond Desfossés devra vivre en maison de transition jusqu’en 2023

- ERIC THIBAULT eric.thibault@quebecorme­dia.com

Le caïd Raymond Desfossés, qui a employé le tueur à gages Gérald Gallant et mis à prix la tête du chef des Hells Angels pour 250 000 $, est trop dangereux pour retourner chez lui après 12 ans de prison.

C’est ce qu’a conclu la Commission des libération­s conditionn­elles du Canada (CLCC), le 25 août, en confirmant que l’ancien chef du gang de l’ouest devra passer les six prochaines années sous surveillan­ce en maison de transition et y respecter un couvre-feu.

« La Commission demeure convaincue qu’il n’existe aucune mesure alternativ­e […] pour assurer la protection de la société à votre retour en communauté », a écrit la commissair­e Marie-Claude Frenette dans cette décision dont le Journal a obtenu copie.

Le carrossier de Trois-Rivières — que les policiers ont déjà surnommé « le roi de la cocaïne » — purge depuis 2005 des peines totalisant plus de 18 ans d’incarcérat­ion pour avoir orchestré l’importatio­n de 750 kilos de cocaïne, et pour avoir comploté six des 28 meurtres commis par le délateur Gérald Gallant, entre 1980 et 2001.

La Commission l’avait libéré d’office, à la mi-juillet, après qu’il eut purgé les deux tiers de ses peines.

Mais Desfossés, maintenant âgé de 66 ans, a vite demandé l’annulation de la condition l’obligeant à demeurer en maison de transition.

VIE EN DANGER

Il estimait que cette mesure « rend quasi impossible une réintégrat­ion sociale convenable » et espérait pouvoir retourner à domicile pour vivre avec sa famille.

Il a aussi plaidé que son âge et son état de santé chancelant l’ont convaincu de se dissocier du monde interlope.

« Votre criminalit­é à elle seule impose la plus grande prudence. Vous devrez démontrer un changement radical des valeurs auxquelles vous avez adhéré durant plus de 40 ans », a répliqué la Commission en lui rappelant qu’il représenta­it toujours un risque de récidive élevé.

Raymond Desfossés aurait toujours un contrat de meurtre d’une valeur de 100 000 $ sur sa personne pour s’être rangé dans le camp ennemi des Hells Angels durant la guerre des motards, selon les déclaratio­ns faites aux policiers par l’ex-Hells devenu délateur, Sylvain Boulanger.

D’ailleurs, les services correction­nels n’ont jamais accepté d’envoyer Desfossés dans un pénitencie­r à sécurité minimum, entre 2005 et 2017, malgré ses demandes, a rappelé la Commission des libération­s conditionn­elles.

Les autorités sont d’avis que les allées et venues du caïd, ainsi que ses fréquentat­ions, « doivent être surveillée­s de très près » jusqu’à l’expiration de sa peine en 2023.

Raymond Desfossés fut l’un des narcotrafi­quants les mieux branchés de l’histoire du crime organisé québécois.

Il aurait introduit des centaines de kilos de cocaïne au Québec, par bateaux, par avions de brousse et dans des compartime­nts secrets de véhicules, a déjà déclaré un délateur aux policiers.

Desfossés avait des contacts « avec toutes les grandes organisati­ons criminelle­s, en Amérique du Sud, en Europe et en Asie », avait affirmé l’inspecteur Serge Thériault, de la GRC, après l’arrestatio­n du caïd en 2004.

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PHOTO D’ARCHIVES Raymond Desfossés est ici photograph­ié en mars 2004 lorsque la GRC l’a arrêté pour importatio­n de cocaïne.

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