Nés pour un petit port
J’ai regardé les nouvelles capsules du Parti québécois pour promouvoir l’indépendance. Bien faites. Mais nous sommes loin d’une opération susceptible d’infléchir l’opinion publique. Le but de la manoeuvre est de donner des vitamines aux militants, surtout à ceux qui participeront au vote de confiance envers Jean-François Lisée.
J’y ai néanmoins appris quelque chose. Le projet souverainiste m’exclut. Pourtant, j’ai milité pour le Oui en 1995. Aujourd’hui, je suis en dehors des clientèles visées par le mouvement souverainiste.
EXCLU !
Pourquoi ? Par exemple parce que je suis favorable à l’agrandissement du port de Québec. Vous vous demandez quel est le rapport ? Eh bien, dans l’une des capsules pour l’indépendance, le PQ reproche à Ottawa d’agrandir le port de Québec et présente le projet comme une menace pour l’eau !
Le maire Labeaume fut jadis un supporter du PQ et du Bloc. Il doit se mordre les lèvres en voyant l’agrandissement du port de sa ville placé parmi les horreurs polluantes dont le fédéral nous afflige. Un autre exclu, je suppose.
Aussi, je suis plutôt favorable au pipeline Énergie Est, pourvu qu’il soit accompagné d’une stratégie économique qui assure des retombées au Québec. Les capsules indiquent que l’indépendance du Québec doit plutôt servir à bloquer ce projet. Décidément !
Je devine qu’au PQ, on répondra que, si le Québec était souverain, les projets seraient meilleurs puisque personne ne nous en imposerait et que tout se ferait selon les désirs du Québec. Ça, c’est la théorie. En pratique, 100 % des gens qui regarderont les publicités retiendront qu’on y vend la souveraineté comme un outil pour de bloquer des projets.
ENCORE QUÉBEC SOLIDAIRE ?
À qui s’adressent donc ces messages ? À première vue, les citoyens les plus pressés de lever des pancartes au moindre son de machinerie lourde sont les électeurs de Québec solidaire. Contre les pipelines, contre les mines, contre un port de mer ou contre une usine.
Si ça fait de la fumée, du bruit ou des odeurs, des militants se lèveront pour exprimer une dissidence « citoyenne » et, à la deuxième manifestation, le samedi suivant, des représentants de Québec solidaire offriront leur appui. C’est à eux que le PQ semble s’adresser en priorité.
C’est comme cela qu’on bâtit un pays fort ? Cette inclinaison des souverainistes à se placer comme des empêcheurs de tourner en rond du développement économique ne mène nulle part.
Je sais qu’à la base du mouvement souverainiste, il s’en trouvait qui voulaient reproduire la révolution cubaine. Des émules de Che Guevara qui flirtaient avec l’idée de remplacer la fleur de lys par un marteau et une faucille sur le drapeau. Cet épisode est fini. En fait, la population est généralement divisée en deux devant les projets économiques. Ceux qui penchent naturellement en faveur du développement et ceux qui s’en méfient spontanément, au nom de considérations environnementales et sociales.
Les uns et les autres pourraient souhaiter que ces débats se fassent dans un Québec avec les pleins pouvoirs. Mais nul ne peut penser gagner un référendum en excluant d’emblée l’un des deux groupes.
Cette inclinaison des souverainistes à se placer comme des empêcheurs de tourner en rond du développement économique ne mène nulle part.