Le gaz n’est pas une énergie propre, dit un scientifique
Investir dans le gaz naturel, comme le prévoit le projet Énergie Saguenay, n’est pas « un pas en avant » dans la lutte contre les changements climatiques, préviennent scientifiques et écologistes.
Le promoteur du projet, GNL Québec, indique vouloir envoyer des ressources plus propres vers des pays où le charbon est encore fortement utilisé.
Mais un des auteurs du quatrième et du cinquième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), Damon Matthews, prévient que le gaz est loin d’être vert.
MÉTHANE
Le gaz naturel est un émetteur de CO2 moins fort que le charbon ou le pétrole, mais il émet un gaz beaucoup plus puissant que le CO2, le méthane (CH4), a-t-il expliqué lors d’un briefing scientifique en marge de la réunion du GIEC qui se tient cette semaine à Montréal.
Le scientifique indique que, jusqu’à présent, « il y a une sous-estimation générale des impacts à court terme des gaz à effet de serre plus puissants que le CO2 ». Pour corriger le tir, le GIEC y consacrera une session d’étude ces jours-ci.
Pour le biophysicien Marc Brullemans, membre du Collectif scientifique sur la question du gaz de schiste, Énergie Saguenay « est un projet très semblable à Énergie Est, avec les mêmes conséquences sur le climat ».
INVESTISSEMENT
Le projet représente des investissements de plus de 7 milliards de dollars.
Mais « le budget [pour la transition énergétique] est si limité que nous devons nous concentrer sur les options énergétiques qui permettent vraiment de stopper nos émissions », estime M.Matthews.
Malgré le consensus scientifique, « les politiques publiques de lutte contre les changements climatiques semblent favoriser le développement de cette énergie fossile », déplore Christian Simard, directeur général de Nature Québec.
« Le gaz est au coeur de la politique énergétique 2030 du Québec, son développement est financé à la fois par le Fonds vert et le Fonds Capitale Mine Hydrocarbures », a expliqué Carole Dupuis, coordonnatrice du Regroupement vigilance hydrocarbures Québec.
Selon elle, Québec se laisse convaincre par les 138 lobbyistes de Gaz Métro inscrits au registre des lobbyistes.