Le Journal de Montreal

L’éducatrice de l’enfant de 2 ans tué « ne l’a pas vu venir »

La mère du bambin a été formelleme­nt accusée du meurtre prémédité de son fils

- AMÉLIE ST-YVES

TROIS-RIVIÈRES | La confidente et amie d’une mère accusée du meurtre de son bébé de 2 ans ne comprend pas comment cette horreur a pu se produire.

L’éducatrice Guylaine Renaud gardait quelques fois par semaine le petit Luca Cuscuna, 2 ans. Elle est bien amie avec la mère, Marie-Lou Beauchamp Filion, 39 ans, qui a été accusée hier du meurtre prémédité de son fils. Les deux femmes se connaissai­ent depuis le secondaire.

Mme Renaud a vu Luca pour la dernière fois mardi dernier, à sa garderie Au Jardin des trésors, à Bécancour. Après une journée à jouer dehors avec les amis par un temps radieux, elle lui a fait son petit high five vers 16 h, tandis que sa mère repartait avec lui vers la maison.

Elle ne se doutait pas que le petit allait mourir à peine trois jours plus tard.

« Je ne l’ai pas vu venir du tout. Même dans ses moments de colère ou de détresse, elle n’a jamais dit qu’un jour elle allait faire payer son enfant », dit-elle.

Plusieurs membres de la famille du père de la victime ont assisté à la comparutio­n de la présumée meurtrière hier au palais de justice de Trois-Rivières. Ils étaient tous vêtus de noir et n’ont pas voulu s’adresser aux médias.

L’accusée devra se soumettre à une évaluation psychiatri­que de 30 jours pour déterminer si elle est apte à subir un procès, car elle présente des symptômes importants de dépression.

SÉPARATION DIFFICILE

Guylaine Renaud savait que Marie-Lou Beauchamp Filion vivait une séparation difficile et a passé de nombreuses rencontres autour d’un café à l’écouter, mais rien ne laissait présager un dénouement violent. La dernière fois qu’elle l’a vue, tout semblait bien aller.

« Je sais que je lui disais les bonnes choses. Je ne peux pas non plus faire le travail à sa place. Je ne peux pas vivre sa vie à sa place », explique la femme, enceinte de 10 semaines d’un quatrième enfant.

Elle n’a appris la triste nouvelle qu’hier, pendant la sieste des enfants, dans un article sur les réseaux sociaux qui relatait la comparutio­n de son amie.

« J’ai échappé mon téléphone, je tremblais. J’essayais de texter à une autre maman. Je n’étais même pas capable d’écrire », raconte-t-elle.

L’autre maman est rapidement venue la voir à la garderie. Elles se sont serrées dans leurs bras et ont pleuré ensemble. La majorité des parents sont d’ailleurs venus chercher leurs enfants à la garderie, après avoir appris l’identité de l’accusée.

Guylaine Renaud n’entend pas faire le procès de son amie sur la place publique. Le message qu’elle veut lancer est de ne pas hésiter à aller chercher de l’aide quand la détresse nous submerge.

Peut-être qu’un jour elle ira visiter Marie-Lou, même si elle ignore ce qu’elle lui dirait.

« Je ne lui souhaite pas de mal, au contraire. J’espère que son fils, d’où il est, va lui donner la paix intérieure », mentionne Mme Renaud.

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PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE, AMÉLIE ST-YVES Guylaine Renaud était la gardienne du petit Luca Cuscuna. Elle se rappellera toujours le moment où elle lui a donné un dernier « high five » mardi dernier.
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MARIE-LOU BEAUCHAMP FILION Accusée

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