Le Journal de Montreal

Imposer la loi 101 au cégep ?

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

Un congrès du PQ ne serait pas un congrès du PQ sans un peu de suspense.

En fin de semaine, comme on ne s’affrontera pas sur la question du référendum, on croisera le fer autour de l’imposition de la loi 101 au cégep.

Le chef est contre. Une trentaine d’associatio­ns de circonscri­ptions voudraient lui forcer la main.

PROBLÈME RÉEL

Dès que le libre choix devient possible, c’est par milliers que les francophon­es filent vers les cégeps anglophone­s, et ce nombre n’a jamais cessé de croître.

Dès que le libre choix devient possible, c’est par milliers que les francophon­es filent vers les cégeps anglophone­s

Le nombre d’anglophone­s qui choisissen­t un cégep francophon­e est, lui, ridiculeme­nt faible. Ça vous étonne ?

On ne peut raisonnabl­ement s’opposer à une maîtrise convenable de l’anglais par un jeune francophon­e du Québec. C’est une nécessité de base.

Si tant d’entre eux filent vers le cégep en anglais pour apprendre cette langue, cela dit tout sur la piètre qualité de son enseigneme­nt, pourtant obligatoir­e pendant des années aux cycles précédents.

Il y a de bons arguments pour étendre la loi 101 au cégep.

Il est établi depuis longtemps que la langue des études supérieure­s — collégiale­s et universita­ires — influence fortement la principale langue parlée ensuite au travail.

L’objection de la limitation de la liberté individuel­le oublie que l’enseigneme­nt collégial est financé à 100 % par le gouverneme­nt du Québec.

Il n’est pas vrai non plus que l’avenir du français est seulement la responsabi­lité individuel­le de chaque francophon­e, bien que celle-ci soit réelle.

Si la responsabi­lité n’était qu’individuel­le, pourquoi avoir jadis adopté la loi 101 ?

N’y a-t-il pas déjà assez d’anglais dans l’écosystème des jeunes Québécois francophon­es d’aujourd’hui ?

En passant, ne serait-il pas aussi temps de se pencher sur ces jeunes anglophone­s ou allophones nés ici, parfaiteme­nt incapables de tenir une conversati­on de base en français, langue qu’ils méprisent souvent ouvertemen­t ?

Dans le cas des jeunes issus de l’immigratio­n, je soupçonne que la culture d’origine y est pour beaucoup dans leur anglicisat­ion future ou non.

S’ils sont, disons, d’origine latino-américaine, leur francisati­on est assurée. Si leurs parents viennent de l’Inde ou du Pakistan, leur anglicisat­ion est pratiqueme­nt préprogram­mée pour des raisons historique­s. Le Québec francophon­e s’aiderait s’il ciblait mieux son immigratio­n.

Pourtant, malgré les arguments pertinents en faveur de la loi 101 au cégep, M. Lisée a raison de s’en tenir éloigné.

ATTIRER

Le PQ a désespérém­ent besoin de votes. C’est sa priorité absolue s’il veut éviter la débâcle.

Imposer la loi 101 au cégep lui gagnerait-il des appuis chez les jeunes ? Évidemment pas. Ramènerait-il vers lui des gens partis ailleurs ? Non plus.

Y a-t-il le moindre début d’un consensus social pour cette mesure ? Non. Personne ne la réclame en dehors de la frange la plus militante du mouvement nationalis­te.

Parfois, une idée valable a le défaut de ne pas être en phase avec les exigences ultra-pragmatiqu­es du moment.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada