Le Journal de Montreal

Hausse scandaleus­e du prix de l’essence

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Hier matin, le prix de l’essence ordinaire atteignait 1,42 $ le litre chez plusieurs essencerie­s de la grande région de Montréal.

C’est tout simplement scandaleux ! La récente hausse du prix de l’essence est attribuabl­e aux spéculateu­rs du NYMEX (la Bourse des commodités de New York) qui exploitent à des fins pécuniaire­s les catastroph­es.

Depuis la dernière semaine d’août, c’est le désastre causé au Texas par l’ouragan Harvey qui a permis aux spéculateu­rs de faire bondir le prix de l’essence à la pompe. Et cela a également permis aux grandes raffinerie­s de bénéficier d’une forte augmentati­on de leur marge de raffinage.

LE QUÉBEC ÉCOPE

La marge de raffinage au Québec s’élevait hier 34,9 cents le litre d’essence. C’est plus de deux fois la marge moyenne (de 16,7 cents le litre) des 52 dernières semaines.

Mais pourquoi, nous au Québec, écope-t-on de cette abusive hausse de la marge de raffinage ?

Non, ce n’est pas à cause de coûts supplément­aires. C’est tout simplement parce que le système mis en place au Québec pour fixer le prix de l’essence est basé sur l’évolution au jour le jour des produits pétroliers cotés sur le NYMEX.

Explicatio­n de Carol Montreuil, vice-président à l’Associatio­n canadienne des carburants : tout en admettant que nos raffineurs profitent largement de la catastroph­e du Texas, M. Montreuil tient à préciser, à leur décharge, qu’ils sont à la merci de deux marchés : celui de la matière brute (le prix du baril de pétrole brut) et celui des produits finis (essences, diesel, etc.).

Ainsi, la marge de raffinage est déterminée en fonction de la différence entre le prix de vente des produits finis et le coût du pétrole brut. Si l’écart s’est fortement agrandi depuis l’ouragan Harvey, c’est parce que des raffinerie­s s’approvisio­nnant au Texas ont fermé temporaire­ment leurs portes.

Mais en quoi cela touche-t-il nos raffinerie­s ? Réponse de M. Montreuil : « Tout le marché continenta­l de l’Amérique du Nord fonctionne sous l’ALENA. Les marchés sont ouverts et les produits circulent librement sans entraves. Ainsi, si un raffineur canadien s’avisait de baisser ses prix, et donc sa marge, pour plaire au marché canadien ou québécois, rien ne pourrait empêcher un distribute­ur américain de venir s’approvisio­nner et vider nos raffinerie­s de leurs produits. »

LA HAUSSE DÉCORTIQUÉ­E

Par rapport à la moyenne des 52 dernières semaines, sachez que la marge de raffinage a plus que doublé et la marge de détail a augmenté de 60 %.

Si les gouverneme­nts de Québec et d’Ottawa restent de glace devant la hausse abusive du prix de l’essence, est-ce en raison du fait que cette hausse leur rapporte présenteme­nt 21 % plus de TVQ et de TPS que la moyenne annuelle ?

Et comble d’exploitati­on des automobili­stes : à la pompe, actuelleme­nt, le litre coûte 21 % plus cher que le prix annuel moyen, alors que le prix du pétrole brut se négocie en baisse de 3 % !

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