Des vagues de sept mètres à Cuba
Des rues de La Havane et des villes côtières sont inondées
CAIBARIÉN | (AFP) Des vents déchaînés, des averses torrentielles et d’irrésistibles pénétrations maritimes : Caibarién, ville de pêcheurs du centre de Cuba, a subi hier à l’aube la furie de l’ouragan.
« Mon Dieu, la ville ne va jamais s’en remettre, », s’exclame la jeune Francis, 19 ans, une des premières à venir constater, dans la matinée, les ravages de l’ouragan qui sème mort et désolation depuis plusieurs jours dans les Caraïbes.
Vivant près de l’avenue du bord de mer, le Malecon, Francis a dû se réfugier chez sa grand-mère, et elle se fait peu d’illusions sur l’état de son foyer. « L’eau était déjà au coin de ma maison (quand je suis partie), maintenant elle doit être inondée », se lamente-t-elle.
La mer a pénétré dans les rues de cette ville dépourvue d’égouts sur une distance d’environ 400 mètres, et certaines maisons du littoral baignent dans plus d’un mètre d’eau, a constaté un journaliste de l’AFP.
Les médias d’État affirment que Caibarién fait partie des localités les plus affectées par Irma.
L’ouragan a commencé à balayer en pleine nuit cette ville de 40 000 habitants située à 330 km à l’est de La Havane, avec des rafales atteignant 215 km/h et de fortes pluies qui ont provoqué une soudaine montée de la mer.
Irma est le premier ouragan d’une telle force dont l’oeil touche directement Cuba depuis 1932.
LA HAVANE SOUS L’EAU
Des vagues jusqu’à sept mètres ont été enregistrées sur la côte nord par le service cubain de météorologie.
En fin de journée, les rues de la capitale La Havane ont aussi subi la montée des eaux en raison des averses diluviennes.
Par endroit, on pouvait calculer jusqu’à un mètre d’eau.
Une fois retombés les vents les plus violents en fin de matinée, quelques imprudents ont bravé les avertissements de la radio locale à Caibarién.
Ils s’aventurent à pied ou à vélo en quête de proches ou pour constater les dégâts dans des rues jonchées de gravats, de morceaux de tôle et de tuiles arrachés des toits, de poteaux électriques, de branches et d’arbres déracinés.
SOUVENIRS DE KATE
Dans un parc à proximité, le vent a arraché plusieurs bancs pourtant solidement fixés sur des socles en ciment. Les arbres qui n’ont pas été déracinés ont été complètement dénudés et pelés par les rafales et les projections.
Les tympans encore meurtris par une nuit d’enfer, les plus de 40 ans revivent les scènes de cauchemar de 1985, lorsque l’ouragan Kate avait ravagé la ville.
Mais cette fois les autorités ont pris soin d’organiser l’évacuation de 6250 personnes et ont adopté des mesures pour prévenir les éventuels pillages.
La maison de Rosa et de son époux Ramon Comas, 72 ans, est une des plus solides de la ville.
Six membres de leur famille y ont passé la nuit, écoutant nerveusement les fragments de tôle, de verre et d’autres débris frapper les murs de la maison.
« Ici, le pire peut arriver, un ouragan de cette force peut provoquer d’énormes dégâts, jusqu’à détruire cette maison », souffle Rosa, finalement soulagée, mais certaine que les rafales d’Irma étaient plus fortes que celles de Kate.