Le Journal de Montreal

Stephens dans la cour des grandes

L’Américaine remporte les Internatio­naux des États-Unis et le premier tournoi de Grand Chelem de sa carrière

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NEW YORK | (AFP) Éloignée des terrains de tennis pendant onze mois, l’Américaine Sloane Stephens a fait hier une entrée fracassant­e et émouvante dans le club des joueuses sacrées en Grand Chelem, en battant sa compatriot­e et grande amie Madison Keys 6-3, 6-0 en finale des Internatio­naux des États-Unis.

Elles sont restées de longues minutes dans les bras l’une de l’autre, en larmes, au milieu du Arthur Ashe Stadium, comme pour garder à tout jamais le souvenir de ce moment unique.

Les deux copines, complices, se sont ensuite assises l’une à côté de l’autre — comme l’avaient fait avant elles les Italiennes Roberta Vinci et Flavia Pennetta après la finale des Internatio­naux des ÉtatsUnis en 2015 —, entre rires et larmes, pour attendre la cérémonie protocolai­re, comme s’il s’agissait d’un simple tournoi régional.

Mais l’une est devenue, à 24 ans, reine de New York et a décroché le titre le plus important de sa carrière, sans compter un chèque de 3,7 millions de dollars, au terme d’un improbable parcours et au détriment de l’autre.

« J’ai été opérée le 23 janvier et si on m’avait dit alors que je gagnerais les Internatio­naux des États-Unis, j’aurais dit que c’était absolument impossible », a rappelé Stephens, victime d’une fracture de fatigue à un pied en août dernier.

957e MONDIALE EN JUILLET

Plus encore que son triomphe ou sa longue pause forcée qui l’a vue sombrer au-delà de la 900e place mondiale (957e), elle s’est attardée dans un discours très émouvant, épilogue d’une finale largement décevante, sur son amitié avec son adversaire du jour.

« Mad est ma meilleure amie. Il n’y a personne que j’aurais voulu davantage affronter à cette occasion. Je lui ai dit que j’aurais bien voulu que ça soit un match nul. Je sais que la réciproque aurait été vraie. C’est ça la vraie amitié », a-t-elle insisté devant 20000 spectateur­s, dont ses proches, mais pas son compagnon, l’internatio­nal américain de soccer Jozy Altidore, qui disputait hier un match du Championna­t nord-américain (MLS).

La Floridienn­e, fille d’une ancienne nageuse de haut niveau et d’un joueur de football américain décédé dans un accident de voiture, a aussi donné un sérieux coup de jeune au tennis américain qui a, en l’absence de sa reine Serena Williams, jeune maman, placé quatre représenta­ntes en demi-finales.

ELLE SERA 17e DEMAIN

Elle est la première Américaine sacrée en Grand Chelem depuis Jennifer Capriati aux Internatio­naux d’Australie en 2002, et à ceux des États-Unis depuis Lindsay Davenport en 1998, qui ne s’appelle pas Venus ou Serena Williams.

Revenue sur le circuit fin juillet, Stephens, qui va bondir à la 17e place mondiale, demain, avait déjà surpris son monde en atteignant les demi-finales des tournois de Toronto et de Cincinnati en août, juste avant les Internatio­naux des États-Unis.

« MAINTENANT LA RETRAITE... »

Après avoir éliminé notamment l’Italienne Roberta Vinci au premier tour, la Slovaque Dominika Cibulkova au tour suivant et surtout sa compatriot­e Venus Williams en demi-finales, Stephens a nettement dominé Keys, beaucoup trop nerveuse.

Elle a fait le bris dès le cinquième jeu et n’a jamais été mise en danger dans un premier set empoché en 30 minutes de jeu avec 17 fautes directes de Keys.

Keys, opérée à deux reprises à un poignet en 2017, n’a pas trouvé de solution dans la seconde manche, où elle a perdu pied.

Toujours aussi fébrile face à une Stephens implacable (6 fautes directes seulement contre 30 à son adversaire), la 16e mondiale a perdu son service d’entrée pour être menée 3 à 0, puis a concédé encore sa mise en jeu sur une énième faute directe.

Menée 4-0, elle s’est offert trois balles de contre-bris repoussées avec autorité par Stephens, puis a laissé la victoire à la troisième balle de match, après 61 minutes de jeu.

« Maintenant, je devrais prendre ma retraite, a plaisanté Stephens. J’ai dit à Madison que je ne pourrais jamais connaître un moment plus fort que celui-ci ».

« C’est vraiment étrange comme situation, lui a répondu Keys : je suis triste, blessée même, d’avoir perdu et je suis tellement heureuse que Sloane ait gagné. On va fêter cela ensemble, elle va pouvoir me payer quelques verres, beaucoup de verres même », a-t-elle prévenu.

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PHOTO AFP L’Américaine Sloane Stephens a remporté hier son premier titre de Grand Chelem sur ses terres.

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