Le Journal de Montreal

Message à une grand-mère exploitée

À propos d’une de vos pensées du jour

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Je lisais avec tristesse la lettre de cette grand-mère qui vous racontait comment son petit-fils l’exploitait financière­ment et comment le père de ce garçon, son fils à elle, n’acceptait pas de reconnaîtr­e les faits. Donc en définitive, il se rangeait du côté du malin, sous prétexte que c’est son fils. Mais qu’en est-il du lien qui le lie à l’auteure de sa vie, alors que celle-ci a encore le courage de dire « Je reste convaincue que mon fils lui, m’aime pour de vrai »? Et bien moi je lui dis que c’est faux. Son fils ne l’aime pas, et je vais vous dire pourquoi, puisque ma soeur a vécu un problème semblable il y a quelques années.

La pauvre n’avait aussi qu’un fils unique. Celui-ci, marié avec une femme d’un milieu inférieur au nôtre, se laissait mener par elle. Cette femme avait une très mauvaise influence sur tout son monde. Elle savait que son fils aîné soutirait de l’argent à ma soeur, sa grand-mère, et qu’il la menaçait de sévices corporels si elle le dénonçait. En fait, elle était de connivence avec son fils pour qu’il agisse ainsi. Et le père laissait faire, car il ne voulait pas de trouble dans sa famille.

Sur nos conseils, ma soeur a été obligée de rompre totalement avec cette famille pour cesser d’avoir peur, car elle était en train de se rendre malade avec ça. Et imaginez qu’à son décès, le corps de ma soeur encore chaud, son fils dévalisait son appartemen­t avant même que notre frère aîné, liquidateu­r de sa succession, ne commence son travail.

Je supplie donc cette personne de cesser d’espérer l’impossible et de se protéger de ces vampires qui n’en veulent qu’à son argent. Et je sais de quoi je parle comme vous venez de le constater. Anonyme

Je ne sais pas si le cas cité pourrait se calquer su le vôtre, car aucun élément de cette lettre ne le laisse supposer. Mais je sais aussi que l’âme humaine recèle parfois des côtés sombres auxquels on ne s’attendait pas. Et comme il vaut toujours mieux prévenir que guérir, je publie votre mise en garde à son intention.

Je lis toujours votre Courrier avec plaisir et intérêt. Aujourd’hui, j’ai bien aimé la citation du poète Abraham Chlonsky qui allait comme suit : « L’évident est journellem­ent l’étendard des imbéciles. Le doute est la foi gênée de celui qui sait. » Celle-ci m’a amené à me questionne­r sur la position de certains qui voient une évidence dans l’existence d’une entité spirituell­e supérieure, tandis que d’autres voient une évidence du contraire. Et Chlonsky qui, dans les deux cas, les qualifie d’imbéciles.

Pour ma part, je crois en fait que les deux positions font appel à un acte de foi. L’un voulant que l’entité existe. L’autre affirmant quelle n’existe pas. C’est donc pour cette raison que je préfère me ranger du côté de ceux qui gardent un doute. Qu’en pensez-vous personnell­ement? Anonyme

Je crois plutôt que Chlonsky traite d’imbéciles les humains qui ne remettent jamais rien en question. Et ça, dans toutes les sphères de leur vie. Il ne fait pas selon moi référence aux croyants pas plus qu’aux incroyants en général, car nombre d’entre eux sont capables de remettre leur foi, ou encore leur absence de foi en question. À titre d’exemple, je vous nommerai le Pape François qui ose remettre en question certaines certitudes des anciens à propos de la Bible. Comme la notion d’enfer par exemple. Qui aurait pu imaginer cela du souverain pontife? On est sur la terre pour avancer, à la fois dans nos valeurs et nos croyances, afin de faire évoluer le monde duquel on fait partie. En ce sens et tout comme vous, je préfère garder un doute pour ne pas risquer de me figer à jamais.

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