Le Journal de Montreal

Une infirmière a travaillé 24 heures en ligne

La femme n’a jamais été remplacée pour pouvoir quitter son poste dans cette interminab­le journée

- HÉLOÏSE ARCHAMBAUL­T Le Journal de Montréal

Une infirmière de Saint-Jean-sur-Richelieu dénonce avoir été obligée de travailler 24 heures de suite au début septembre, une situation « inhumaine » dont elle peine à se remettre.

« Ce n’est pas humain ! » répète l’infirmière qui a exigé l’anonymat par peur de représaill­es de son employeur.

« J’ai tellement pleuré, je n’en revenais pas qu’on soit capable de faire ça », ajoute-t-elle.

Dans la trentaine, cette profession­nelle de l’hôpital du Haut-Richelieu n’oubliera pas de sitôt la nuit du 4 au 5 septembre dernier.

Arrivée à 23 h 45 pour son quart de travail, jamais elle n’aurait pensé qu’elle quitterait son poste 24 heures plus tard, soit à 23 h 45 le lendemain soir. Durant la nuit, elle se rappelle que l’employeur cherchait une infirmière pour rester en heures supplément­aires.

« Ça a été occupé, on a couru toute la nuit, dit-elle. Personne n’était intéressé. »

À noter que cette dernière est habituée aux heures supplément­aires, et travaille souvent deux à trois quarts de plus par semaine.

Interpellé­e à nouveau à 6 h, l’infirmière a accepté de rester. Elle devait accompagne­r un patient à Montréal pour une chirurgie d’un jour, à 10 h.

« J’étais convaincue qu’à 14 h, je serais chez nous. On m’avait dit que c’était seulement quelques heures », dit la mère de famille.

DES TREMBLEMEN­TS

Puisque son patient était diabétique, l’infirmière devait vérifier la pompe à insuline régulièrem­ent. Or, l’homme n’a finalement été opéré qu’à 14 h.

« Dès midi, je commençais à m’inquiéter, dit-elle, ajoutant que ses yeux se fermaient seuls. J’étais exténuée, j’en tremblais. »

« J’ai appelé le coordonnat­eur tout l’après-midi pour me faire remplacer ! Il m’a dit qu’il avait la situation en mains. »

Au retour du patient de chirurgie, vers 18 h 30, personne n’était venu en renfort.

« Dans ma tête, ils n’allaient jamais m’abandonner comme ça ! » confie-t-elle, assurant être demeurée profession­nelle malgré la fatigue.

À 19 h, l’infirmière et son patient ont été installés dans un corridor en attendant le transport de retour. À ce moment, elle savait qu’elle ne serait pas remplacée.

« On m’a dit que ça pouvait aller jusqu’à 2 h du matin ! » rage-t-elle.

Exténuée, la dame avoue qu’elle avait du mal à exécuter ses tâches. « Dès que j’essayais de parler, je partais à pleurer. » Malgré tout, jamais elle n’a songé à partir. « Je ne pouvais pas laisser mon patient! Ça irait à l’encontre de pourquoi je fais ce métier-là. »

FINI LES HEURES SUPPLÉMENT­AIRES

Finalement, un taxi les a ramenés de Montréal vers Saint-Jean, autour de 23 h, et l’infirmière a quitté l’hôpital peu avant minuit. Inscrite à l’horaire à 23 h 45 le 6 septembre, soit 24 heures plus tard, elle a refusé son quart.

« Ils ont inscrit que j’avais une absence non autorisée ! rage-t-elle. Je me suis sentie comme une rien du tout. »

À ce jour, elle dit n’avoir reçu aucune excuse ou explicatio­n de la direction. Jusqu’à la fin de l’année, l’infirmière compte refuser toute heure supplément­aire.

« Je n’arrive pas à récupérer. Je suis tout le temps fatiguée. »

 ?? PHOTO HÉLOÏSE ARCHAMBAUL­T ?? Une infirmière de l’hôpital de SaintJean dénonce avoir été obligée de travailler 24 heures de suite, puisqu’elle n’a pas été remplacée par une collègue. La photo de la dame a dû être modifiée légèrement afin d’éviter de la reconnaîtr­e.
PHOTO HÉLOÏSE ARCHAMBAUL­T Une infirmière de l’hôpital de SaintJean dénonce avoir été obligée de travailler 24 heures de suite, puisqu’elle n’a pas été remplacée par une collègue. La photo de la dame a dû être modifiée légèrement afin d’éviter de la reconnaîtr­e.

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