Marijuana : de la fumée sans feu
Très dure semaine pour le dossier de la légalisation de la marijuana. Tour à tour, l’Association canadienne des chefs de police, la Police provinciale de l’Ontario et la GRC ont exprimé de sérieuses réserves vis-à-vis la décriminalisation du cannabis le 1er juillet prochain. Le gouvernement Trudeau a fait fi de leurs objections sans même fournir d’explications.
Les objections des policiers vont dans toutes les directions. D’abord, la GRC ne croit pas à l’affaiblissement du crime organisé qui découlerait de la légalisation. Les criminels vont continuer de vendre aux mineurs, ou vendre moins cher, ou vendre sans taxe ou vendre des produits plus puissants.
Disant cela, le principal corps de police du Canada vient anéantir l’un des principaux arguments mis de l’avant depuis le dépôt de la loi. Le gouvernement dit avoir bon espoir d’affaiblir considérablement le crime organisé et surtout de sortir nos jeunes des griffes des escrocs. Les spécialistes du crime organisé de la GRC n’y croient pas… ou bien peu.
Justin Trudeau tient mordicus à légaliser le cannabis le 1er juillet 2018
SÉCURITÉ ROUTIÈRE
Les policiers sont aussi catégoriques sur l’impossibilité d’être prêts à gérer la conduite avec les facultés affaiblies par la drogue sur les routes. Les méthodes de détection ne seront pas à point, les policiers pas assez formés et les outils pas disponibles. Pourtant, le problème des accidents de la route en hausse fait partie des leçons apprises dans un État comme le Colorado qui a légalisé le cannabis.
Les policiers de l’Ontario sont encore plus virulents dans leur critique de la norme de culture à domicile. La loi prévoit une limite de quatre plants à la maison qui ne doivent pas dépasser un mètre. Ils jugent inapplicables ces dispositions et y voient une porte ouverte à une multiplication des petits lieux de production.
En somme, après les psychiatres et les médecins, voilà que les policiers ajoutent leur voix pour demander au gouvernement de respirer par le nez (de l’air et non du pot) et de prendre le temps d’implanter correctement cette réforme aux conséquences énormes. Les spécialistes de la santé et les spécialistes de la sécurité publique réfutent les arguments du gouvernement Trudeau en matière de santé et de sécurité publique.
SI PRESSÉ !
Leur demande de reporter la date du 1er juillet s’aligne parfaitement sur la récrimination de certaines provinces dont le Québec. Le ministre Gaétan Barrette a bien exprimé hier le malaise créé par l’empressement de Justin Trudeau.
Mais d’où vient donc ce sentiment d’urgence. Il n’y a pas le feu ! Pourquoi le 1er juillet 2018 est devenu une date non négociable pour rendre légale la marijuana ?
Avouez que les gouvernements sont rarement si pressés. Les voyageurs pris dans les îles dévastées par Irma pouvaient bien attendre un peu. Les villes attendent des années des réponses pour leurs projets d’infrastructure.
Dans ce cas-ci, il semble que monsieur Trudeau a plu aux jeunes avec cette promesse. Il veut livrer la marchandise et rentrer l’argent du pot dans les coffres. Ça presse !