« Comme des tremblements de terre »
Des Montréalais s’inquiètent des vibrations causées chaque jour par des travaux de réfection dans leur quartier
Secousses à répétition et fissures dans les murs, des résidents de Montréal disent vivre dans une véritable « zone sismique » depuis que la Ville a entrepris des travaux de réfection majeurs sur leur rue.
« C’est comme s’il y a avait plein de tremblements de terre tous les jours depuis trois semaines », lance Mickey Heppner, à haute voix, dans le vacarme environnant.
La Ville fait des travaux de réfection des conduites d’eau depuis la fin du mois d’août sur la rue Dorion, entre Sherbrooke et Rachel. Le chantier, qui devrait durer jusqu’en décembre, fait suite à d’autres travaux entrepris au début de l’été.
Le résident assure que son triplex a subi des dommages depuis que les premières pelles mécaniques sont arrivées dans sa rue. Il pointe la partie supérieure du bâtiment où l’on voit clairement que les briques ont bougé.
DE PIRE EN PIRE
« C’est de pire en pire. Et la fissure ici, entre la fenêtre et le mur, n’était pas là avant », assure-t-il, en s’approchant de la façade et en montrant un espace de près de 2 cm de large et de plus d’un mètre de long.
Sa voisine d’en face, Madeleine Maheu, s’inquiète pour sa part de l’apparente improvisation de la Ville, qui ne semble pas se soucier des propriétés environnantes, dit-elle.
« Ça a été un été épouvantable. Ça a été du pilonnage et du bruit, sans cesse. Toutes les maisons tremblaient tout le temps », dit-elle.
Un autre voisin, Jacques Jetté, considère que les manières de faire sur le chantier n’ont « pas de bon sens ».
« J’ai vu un des gars laisser tomber sa pelle mécanique sur le béton pour le casser. À chaque coup, ça faisait un concert de casseroles chez nous », raconte-t-il.
Le contremaître du chantier indique que les tremblements sont principalement dus au sol argileux dans le secteur.
« Ça vibre même quand un camion passe dans la rue. Ce n’est pas de notre faute, c’est vraiment le sol qui est instable », dit-il.
À la Ville de Montréal, on assure aussi que tout est fait selon les règles de l’art sur le chantier.
« Il y a une surveillance quotidienne des travaux », indique le porte-parole de l’arrondissement Le Plateau-Mont-Royal, Michel Tanguay.
Néanmoins, les vibrations sont telles qu’elles se font même sentir à plus de 100 mètres, dans les rues avoisinantes, comme l’indique un résident de la rue de Bordeaux, située à l’est de Dorion.
« Depuis trois semaines, c’est quotidien, dit-il. J’ai habité en Nouvelle-Zélande pendant 15 ans et une des raisons pour lesquelles ont est revenus ici, c’est qu’on avait des douzaines de tremblements de terre par jour. On en a eu pour 75 000 $ de dommages sur notre maison », dit-il.
MAGNITUDE 5
Habitué aux différentes forces de séisme, il compare les secousses ressenties ces dernières semaines à des tremblements de terre de magnitude 5 selon l’échelle de Richter, qui en comprend 9 au total.
À cette force, les vibrations peuvent causer des dommages significatifs à des édifices mal conçus dans des secteurs restreints, selon l’échelle.
« Ça tremble assez pour que ma femme se cache sous son bureau ou sous les cadres de portes, par réflexe, comme en Nouvelle-Zélande », dit-il.
M. Steenhout comprend que les travaux doivent se faire, mais, selon lui, les travailleurs pourraient éviter d’utiliser les pelles pour briser le béton, comme il dit les avoir vus faire.
Les vibrations se font aussi sentir au sud de la rue Sherbrooke, sur Cartier, où un résident dit avoir vu des livres tomber de sa bibliothèque lundi en raison de la force des secousses.
« Mon ordinateur avançait tout seul sur mon bureau, toute la maison bougeait. Ça n’a aucun sens », déplore Alain Gerbier, qui s’inquiète pour la structure de sa maison.
L’homme dit aussi avoir vu un travailleur éclater du béton à l’aide d’une pelle mécanique.
La Ville a pour sa part indiqué au Journal que ce genre de pratique endommagerait la machinerie.