Michel Temer formellement accusé de corruption au Brésil
Fin juin, le président était parvenu à empêcher un premier procès à son encontre
BRASILIA | (AFP) Le procureur général du Brésil a présenté hier une nouvelle demande de mise en accusation contre le président Michel Temer, pour obstruction à la justice et participation à une organisation criminelle dans le cadre d’un vaste scandale de corruption.
Fin juin, le chef de l’État avait déjà été accusé formellement de corruption passive, mais était parvenu à empêcher l’ouverture d’un procès à son encontre en obtenant une large majorité à la chambre des députés, seule habilitée à donner suite à la procédure.
D’après le document officiel du procureur, « Michel Temer est accusé d’avoir joué le rôle le leader de l’organisation criminelle depuis 2016 », date à laquelle il a remplacé à la tête du pays l’ex-présidente de gauche Dilma Rousseff, destituée pour maquillage des comptes publics.
Le réseau de corruption aurait permis aux accusés d’empocher 587 millions de réais de pots-devin (environ 230 M$), ajoute le document.
SIX AUTRES PERSONNES
La demande de mise en accusation d’hier concerne aussi six autres membres du parti de M. Temer, le PMDB (centredroit), parmi eux deux de ses principaux ministres.
Cette demande a été remise à la Cour suprême, qui doit l’analyser avant de la soumettre à la chambre des députés.
Si deux tiers des parlementaires votent pour l’ouverture d’un procès, le président sera écarté pour six mois le temps de son jugement.
Ces accusations s’appuient notamment sur les confessions explosives du magnat de la viande Joesley Batista, auteur d’un enregistrement compromettant pour le président Temer qui a déclenché un véritable séisme politique au Brésil.
SILENCE ACHETÉ ?
Dans cet enregistrement clandestin, rendu public à la mi-mai, le chef de l’État semble donner son accord pour l’achat du silence d’un député aujourd’hui en prison.
Le document officiel du procureur évoque aussi des versements à Lucio Funaro, soupçonné d’être un intermédiaire du PMDB pour le paiement de pots-de-vin.
Joesley Batista et Lucio Funaro sont passés aux aveux après avoir noué un accord avec la justice dans l’espoir d’une remise de peine.