Le Journal de Montreal

CAE perd un contrat majeur

Son concurrent américain conteste et obtient les 450 millions $ US

- PHILIPPE ORFALI

Alors que les entreprise­s canadienne­s font l’objet de menaces protection­nistes de l’administra­tion Trump, voilà qu’un autre leader québécois de l’aviation pourrait s’engager dans une lutte commercial­e aux États-Unis. CAE vient de se voir retirer un contrat majeur de 450 millions $ US (548 M$) par l’armée américaine et n’écarte aucun recours.

L’entreprise montréalai­se avait pourtant célébré en grande pompe, en janvier, cet accord avec l’armée des États-Unis, qui prévoyait qu’elle assurerait la formation et l’entraîneme­nt en classe, sur simulateur et en vol, des pilotes d’hélicoptèr­es de la U.S. Army. L’annonce devait mener à la création de 300 emplois à Fort Rucker, en Alabama. Mais cela n’aura pas lieu.

CAE USA a révélé hier qu’« à la suite de contestati­ons quant à l’octroi initial, le contrat de service de soutien aux instructeu­rs pour le programme Initial Entry Rotary-Wing a été accordé à l’entreprise qui avait précédemme­nt le contrat », c’està-dire URS Federal, une filiale de la multinatio­nale AECOM.

Les autorités de l’Accountabi­lity Office (le bureau de l’imputabili­té) du gouverneme­nt américain ont tranché que c’est l’offre de l’ex-fournisseu­r qui aurait dû être retenue, plutôt que celle de CAE. URS offrait en effet cette formation depuis 1989.

CONTESTATI­ON EN VUE

« Déçue de cette décision de l’armée américaine », CAE évalue actuelleme­nt toutes les avenues possibles afin de contester à son tour cette décision.

« Quand on aura davantage d’informatio­n, on va déterminer ce que l’on fait », a ajouté en entrevue au Journal Pascale Alpha, directrice des communicat­ions mondiales de l’entreprise.

Mme Alpha a tenté de relativise­r l’importance de cette décision, affirmant qu’il s’agit d’« un contrat parmi d’autres » pour CAE, qui se spécialise dans la formation pour pilotes et membres de l’équipage.

Comme il avait été contesté dès son annonce, aucune embauche n’a eu lieu en Alabama ni au Québec.

NOUVEAU COUP DUR

Cette annonce est un nouveau coup dur pour l’industrie québécoise de l’aviation. Bombardier fait actuelleme­nt l’objet d’un recours devant le départemen­t du Commerce des États-Unis, Boeing l’accusant d’avoir vendu ses avions C Series à des prix anormaleme­nt bas.

C’est sans compter la menace qui plane sur le secteur du bois d’oeuvre, entre autres, depuis que Donald Trump a annoncé son intention de rouvrir l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).

La ministre de l’Économie du Québec, Dominique Anglade, a décliné la demande d’entrevue du Journal à cet égard, son bureau soulignant qu’il s’agit d’un conflit entre deux entreprise­s. Même son de cloche du côté de la Caisse de dépôt et placement, 11e actionnair­e en importance de CAE, avec 1,6 % des actions.

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