AUSSI HABILE AVEC SES BÂTONS QU’AVEC SON CRAYON
Graham Cooke se démarque au Championnat senior canadien
KAHNAWAKE | Dans un moment plutôt tranquille dans le domaine de l’architecture de parcours de golf, le réputé designer international Graham Cooke taquine la petite balle blanche. Hier, il a pris le 10e rang du Championnat senior canadien au club de golf Kanawaki.
L’homme de 71 ans établi à Hudson n’a pas perdu le goût de la compétition. Il est toutefois plus réticent qu’autrefois à participer à des tournois d’envergure. Les nerfs sont mis à rude épreuve. Il voit par contre l’opportunité idéale de rencontrer des copains de longue date avec lesquels il a rivalisé au fil de sa carrière d’amateur. Et il reste connecté à sa passion.
Maintes fois champion national et provincial, Cooke a aussi laissé sa marque avec ses crayons. Il a conçu près d’une centaine de parcours au Canada, aux États-Unis, en Europe et en Asie, dont plusieurs figurent parmi les plus beaux et les plus primés. Son terrain de prédilection reste et restera toujours la Belle Province, où il a mis sa griffe à une quarantaine de parcours.
« C’est ici que je vis, que je me suis établi et que j’ai fait mon réseau. J’ai rencontré beaucoup de gens dans le golf au Québec qui m’ont engagé et je suis fier des parcours que j’ai dessinés, a-t-il souligné en entrevue avec Le Journal, installé sur la terrasse de Kanawaki, sous un énorme chêne. Comme je le dis souvent, d’un point de vue stratégique, c’est aussi plus facile de déployer mon équipe au Québec que de le faire en Chine. »
S’il avait à dresser un top 3 de ses plus belles réalisations au Québec, Cooke choisirait le Falcon, près de sa demeure de Hudson, Owl’s Head dans les Cantons-de-l’Est et le Fontainebleau, sur la rive nord de Montréal. Il n’oublie surtout pas sa création conjointe avec Fred Couples du Maître, à Mont-Tremblant.
PRINCIPE FONDAMENTAL
Quand il se met à ses crayons, il n’oublie jamais la devise d’un grand du golf. « Le grand Bobby Jones disait il y a plus de 60 ans qu’un parcours doit assurer au golfeur de jouer selon son handicap ou mieux. De cette façon, le plaisir est au rendez-vous.
« Dans mes designs, j’essaie d’honorer ce principe. Le golfeur moyen doit avoir du plaisir, a ajouté le disciple des anciens de la profession. Chacun des 18 trous doit offrir une variété différente du tertre au vert. Il doit aussi capturer l’imagination. Je préfère voir des golfeurs souriants et heureux après avoir joué un de mes parcours plutôt que de me faire dire qu’il est trop difficile. Nous sommes dans le divertissement. S’ils ne sont pas satisfaits, ils ne reviendront pas jouer. »
Selon lui, un parcours difficile se dessine trop facilement. C’en est même du gâteau! Le véritable défi est de concevoir un parcours où les amateurs et les golfeurs moyens trouveront leur compte.
DRAPEAU BLANC
Dans l’industrie, les architectes ont jeté l’éponge devant la puissance sans cesse grandissante des professionnels. S’ils pouvaient auparavant les contenir et les embêter en plaçant les fosses aux endroits stratégiques, ceux-ci peuvent maintenant les survoler en larguant des bombes à plus de 340 verges. L’herbe haute est la principale arme de dissuasion pour limiter quelque peu leur puissance.
Dans une industrie où il doit se battre avec les grandes firmes de conception de Jack Nicklaus, Robert Trent Jones II, Tom Fazio, Greg Norman et compagnie, Graham Cooke réussit tout de même à tirer son épingle du jeu depuis son quartier général de Hudson.
Il planche sur des projets en Asie et en Inde, où le golf est réservé à la haute société et aux gens riches, « très riches », selon ses observations.
Au Québec, il s’affairait à un vaste projet dans la région de Mont-Tremblant, mais celuici est mis sur la glace. Ce qui ne l’empêche pas de poursuivre sa passion, lui qui ne souhaite pas s’arrêter de sitôt.