Le Journal de Montreal

Sauver les Alouettes

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Si vous avez moins de 30 ans, vous n’avez aucun souvenir d’une Coupe Stanley du Canadien. Autrement dit, les jeunes ont grandi avec une équipe parfois moyenne, parfois médiocre, une ou deux fois assez bonne pour créer de faux espoirs. Mais le lien d’amour a été soigneusem­ent cultivé quand même.

Mais les Alouettes, c’est une autre histoire. Les jeunes se souviennen­t de Tracy Ham, de Mike Pringle, de Ben Cahoon ou d’Anthony Calvillo. Ils ont suivi les Alouettes au moins huit fois en finale de la Coupe Grey. Ils ont été habitués à de grandes équipes, à du panache, à du solide. Et ça ne fait pas si longtemps.

Ils ont aussi eu droit à Larry Smith. Larry Smith qui faisait oublier un propriétai­re souvent absent, souvent maladroit. Au moins Bob Wetenhall passait une bonne partie de l’année à Montréal et quand il était à jeun était d’un commerce agréable.

Mais la propriété des Alouettes, à cause de son bagout et de son extraordin­aire sens des relations publiques, c’était Larry Smith. C’est vers lui que la communauté se tournait quand venait le temps de parler des Alouettes.

Et c’est lui qui visitait les salles de presse et les stations de télévision pour vendre son produit, pour passer son message.

Mais le lien semble avoir été rompu.

DES PROPRIÉTAI­RES BRANCHÉS

Depuis cinq ans, c’est la débandade. Tellement que je me demande si les Alouettes résisterai­ent présenteme­nt à l’arrivée du baseball majeur à Montréal. Il faut le dire, la deuxième équipe profession­nelle au Québec, c’est maintenant l’Impact.

Et les Québécois connaissen­t deux propriétai­res d’équipe. Geoff Molson et Joey Saputo. Point à la ligne. Patrick Boivin est un président discret, sans doute efficace, mais il n’a pas réussi à établir un lien avec les amateurs et les gens du milieu. Dans une soirée, on ne le reconnaîtr­ait pas alors que MM. Molson et Saputo seraient reçus comme des vedettes.

D’ailleurs, ils sont des stars dans la communauté québécoise. Et avec raison.

Les Alouettes sont une entreprise familiale et privée.

Les Wetenhall ont investi quelques millions dans les Alouettes et ils ont été bons pour le football à Montréal sous l’ère Jim Popp. Du moins pendant plus de quinze ans.

Mais les temps ont changé. Et je ne pense pas que les amateurs sentent maintenant qu’ils ont un lien privilégié avec l’organisati­on.

LES COLÈRES DE JOEY…

Les partisans de l’Impact connaissen­t Joey Saputo. Ils peuvent l’arrêter n’importe quand dans une soirée ou un événement et lui faire part de leur opinion. Ils savent qu’il a le sang chaud et que parfois, il force les décisions chez ses dirigeants.

Mais fondamenta­lement, ils se reconnaiss­ent en lui. Ils comprennen­t qu’il est passionné. Et lui, quand il participe à un dîner de la Chambre de commerce ou à une levée de fonds, il sait qu’il peut toucher ses fans ou ses amis dans les affaires ou les arts et parler de son club.

Même chose pour Geoff Molson qui a beau représente­r une vieille famille anglophone de Montréal, mais qui est devenu plus Québécois que bien des pures laines. Il partage la langue de la majorité et on sent chez lui l’amour et le respect du Québec. Qu’on ne soit pas d’accord avec certaines de ses décisions n’enlève rien au respect et à l’affection que les gens éprouvent pour lui.

En fait, malgré tout ce qu’ils ont fait pour le football à Montréal, il faut se résigner à le dire.

Le temps est peut-être venu pour les Wetenhall de vendre leur équipe à des intérêts qui seront mieux connectés avec la collectivi­té québécoise.

Des intérêts locaux. Comme le sont les Saputo et les Molson.

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PHOTO D’ARCHIVES Larry Smith a été l’image des Alouettes durant plusieurs années.

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