L’égalité hommes-femmes « presque acquise » au Québec
Ouverte à changer le nom du Conseil du statut de la femme
QUÉBEC | L’égalité des droits entre les hommes et les femmes étant « presque acquise », la nouvelle présidente du Conseil du statut de la femme ne serait pas opposée à une modification de l’appellation de son organisation afin de mieux refléter l’évolution de la société.
« Je pense qu’il y aurait lieu de réfléchir à son vocable. Je le dis spontanément », a lancé Louise Cordeau dans une rare entrevue accordée depuis son arrivée à la tête du Conseil du statut de la femme, en février dernier.
ENJEU DE SOCIÉTÉ
À ses yeux, les enjeux liés à l’égalité entre les hommes et les femmes se situent désormais au niveau de « l’égalité de fait », ce qui doit interpeller « toute une société ».
« La loi [sur le Conseil du statut de la femme] date de 44 ans. À l’époque, c’était très novateur, je pense que son appellation était déterminante dans l’intention du législateur, estime-t-elle. Aujourd’hui, est-ce que ça a évolué ? Oui. Est-ce que le nom pourrait être modifié ? Oui. »
Une telle transformation pourrait notamment permettre de mieux rejoindre les hommes, qui doivent aussi prendre part au débat. « Est-ce qu’ils vont se sentir interpellés par le Conseil du statut de la femme ? Peut-être que son appellation fait qu’ils se sentent mis de côté », analyse-t-elle.
Mme Cordeau laisse toutefois le soin au législateur d’évaluer la pertinence d’un tel changement. « Je pense que l’action ne dépendra pas de son nom. Ce n’est pas parce qu’il s’appelle Conseil du statut de la femme que je vais porter moins de propos en matière d’égalité », assure la présidente.
FÉMINISTE
Cette sortie n’est pas sans rappeler celle de la ministre de la Condition féminine, qui affirmait l’an dernier que les hommes et les femmes devaient travailler vers un « but commun », soit « l’égalité de fait ».
Lise Thériault s’était d’ailleurs positionnée comme « égalitaire » et non pas « féministe ».
De son côté, Louise Cordeau accueille sans gêne ce dernier qualificatif.
« Le féminisme, au départ, c’est croire en l’égalité homme-femme. De plus, on reconnaît que cette égalité-là n’est pas atteinte », avance-t-elle.
Elle dénonce toutefois la « stigmatisation des points de vue » et milite pour une plus grande ouverture sur les diverses prises de position sur le sujet.
EN MODE RÉFLEXION
En poste depuis sept mois, Mme Cordeau demeure évasive sur les dossiers précis auxquels elle compte s’attaquer au cours de son mandat.
Elle évoque les défis auxquels font face les femmes immigrantes, les agricultrices, les aidantes naturelles, tout en discourant sur le cybersexisme et la parité. L’heure est à la réflexion, avoue-t-elle.
« Je suis arrivée dans un environnement qui était complètement différent, avec des enjeux sur lesquels je ne m’étais jamais arrêtée de façon aussi spécifique. […] Quel est mon objectif dans un an ? Accueillir une diversité de points de vue », résume celle qui doit rendre public son plan d’action d’ici 2018.
« NE LES SONT GENS PAS QUI FÉMINISTES,ME DISENT QU’ILSJE LEUR DEMANDE SI L’ÉGALITÉ ENTRE LES HOMMES ET LES FEMMES, ÇA LES REJOINT. ON ME DIT QUE OUI. […] JE SUIS UNE FEMME DE CONCILIATION, QUI VEUT RASSEMBLER. JE NE ME BATTRAI JAMAIS AU NIVEAU DES MOTS. » – Louise Cordeau