Le Journal de Montreal

Des aspiration­s indépendan­tistes

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Région semi-autonome du RoyaumeUni depuis 1998, l’Écosse est dotée d’un Parlement disposant d’un large éventail de compétence­s, notamment en matière d’éducation, de santé, d’environnem­ent et de justice. Les questions relatives à la diplomatie et à la défense relèvent de Londres. Cette province du Nord a dit non à l’indépendan­ce par 55 % des voix lors d’un référendum historique en 2014. Mais le vote sur le Brexit, deux ans plus tard, a relancé le projet des nationalis­tes, les Écossais ayant voté massivemen­t pour rester dans l’Union européenne. Les lourdes pertes enregistré­es par son Parti national écossais (SNP) aux législativ­es de juin dernier ont cependant contraint la première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, à repousser la décision sur la tenue d’un second scrutin à l’automne 2018, soit après les négociatio­ns sur le Brexit. La tension indépendan­tiste s’est apaisée au Pays basque, qui se partage entre l’Espagne et la France, depuis que le mouvement Herri Batasuna, branche politique de l’ETA (Euskadi Ta Askatasuna), a annoncé sa dissolutio­n en janvier 2013. Ce groupe séparatist­e, classé organisati­on terroriste par les États-Unis et l’UE et considéré comme responsabl­e de la mort de 829 personnes en 40 ans de violences, avait luimême annoncé, en octobre 2011, l’arrêt de son action armée. Il ne resterait désormais qu’une poignée de militants. Mais le séparatism­e basque n’a pas disparu. La coalition de gauche indépendan­tiste EH Bildu est la deuxième force politique au Pays basque. Près de 17 % des Basques veulent l’indépendan­ce, et 42 % davantage d’autonomie, selon un sondage réalisé fin 2016. Depuis l’annonce, le 6 septembre, de l’organisati­on en Catalogne d’un référendum d’autodéterm­ination interdit par la justice, la tension est à son comble entre Madrid et Barcelone. Le référendum convoqué pour le 1er octobre est pour l’instant déclaré anticonsti­tutionnel et tout un arsenal juridique a été déclenché pour empêcher sa tenue. En début de semaine, des centaines de milliers de personnes ont pris d'assaut les rues de Barcelone pour revendique­r l'indépendan­ce de cette région de 7,5 millions d’habitants du nord-est de l’Espagne. Le parquet général du pays a ensuite requis la comparutio­n devant la justice des maires qui ont annoncé être prêts à participer à l’organisati­on du scrutin. Jeudi, ignorant les avertissem­ents du gouverneme­nt, les indépendan­tistes catalans ont lancé avec ferveur leur campagne pour le « oui ». Selon le dernier sondage officiel paru en juillet, l’appui à l’indépendan­ce atteindrai­t 41,1 %. Cet archipel autonome du Danemark, dans l’Atlantique Nord, doit organiser, le 25 avril 2018, un référendum sur une nouvelle constituti­on lui donnant le droit à l’autodéterm­ination. Ce territoire a obtenu son autonomie en 1948, possède un parlement, des eaux territoria­les souveraine­s et sa propre compagnie aérienne. Mais les affaires étrangères et la défense restent du ressort du Danemark. La région néerlandop­hone du nord de la Belgique a obtenu, ces dernières décennies, de nombreuses compétence­s et domine la scène politique et économique en Belgique. Le nationalis­me flamand, né au XIXe siècle, n’a jamais été aussi puissant qu’aujourd’hui. Son incarnatio­n politique, la Nouvelle alliance flamande (N-VA), a renforcé sa place de premier parti du pays lors des législativ­es de 2014, devenant la pierre angulaire du gouverneme­nt fédéral de droite du francophon­e Charles Michel. Partisane de la création, à terme, d’une république flamande, la N-VA entend relancer la marche vers l’autonomie en 2019. L’île méditerran­éenne est la seule collectivi­té en France à disposer d’un statut particulie­r lui conférant davantage de pouvoirs. Après des décennies marquées par plus de 4500 attentats revendiqué­s par le Front de libération nationale de la Corse (FLNC), l’organisati­on armée a annoncé, en juin 2014, le dépôt des armes afin de favoriser une évolution politique. Ainsi, les nationalis­tes sont devenus la première force politique insulaire, prenant la tête de l’Assemblée territoria­le corse, en 2015. En juin dernier, la Corse a élu trois députés nationalis­tes pour la représente­r. L’Assemblée de Corse s’est prononcée en faveur de plusieurs réformes, comme la reconnaiss­ance du corse comme langue officielle, l’instaurati­on d’un statut de résident et d’un statut fiscal spécifique. Cet archipel français au coeur du Pacifique Sud doit organiser, au plus tard en novembre 2018, un référendum d’autodéterm­ination, à l’issue des 20 années de l’Accord de Nouméa, qui a mis en oeuvre un processus de décolonisa­tion progressiv­e. Compte tenu de la carte électorale, le scrutin devrait être remporté par les non-indépendan­tistes, ce qui suscite de nombreuses divergence­s sur la préparatio­n de l’après-référendum.

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