Quand le tonnerre nucléaire se fait entendre
C’est encore loin, mais on entend les atomes s’entrechoquer et ce n’est pas rassurant. Comme si les frayeurs qu’inspire Kim Jong-un ne suffisaient pas, ce n’est pas que son coin de Corée qui gronde. La Doomsday Clock – l’horloge de l’apocalypse qui compte les minutes avant notre annihilation – égraine les secondes au MoyenOrient. Eh oui, là-bas encore une fois !
Donald Trump a démontré, cette semaine encore, qu’il est le champion de l’imprévisibilité, ce qu’il appelle « de la flexibilité ». Et il en faut pour réaliser la culbute partisane qui lui permet aujourd’hui de s’acoquiner avec Nancy Pelosi et Chuck Schumer, les leaders démocrates au Congrès, après les avoir, il n’y a pas si longtemps, dénigrés de vive voix et sur Twitter.
Ailleurs, les enjeux sont plus dramatiques : au ton que le président américain prend à l’égard de l’Iran, il faudrait un entortillage digne des triples sauts périlleux du plongeon olympique pour qu’il en vienne, un jour, à accepter l’accord international sur le programme nucléaire de l’Iran. Il en est si loin, que certains évoquent – eh oui ! – une guerre contre la République islamique.
C’est ce que prédit Kirk Spano, par exemple. Analyste financier pour Seeking Alpha, un service d’études des marchés financiers, il s’appuie sur 30 années d’observation du régime des ayatollahs pour encourager ses lecteurs à acheter des actions des pétrolières : elles sont vouées à gonfler en valeur avec « la guerre contre l’Iran qui approche ».
UN ACCORD QUI TIENT LE COUP
En 2015, les États-Unis et cinq autres puissances (la Russie, la Chine, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne) avaient trouvé le moyen de faire baisser la pression nucléaire au Moyen-Orient en signant avec l’Iran une entente de non-prolifération, le JCPOA (Joint Comprehensive Plan of Action).
En échange d’une levée progressive des sanctions internationales, Téhéran s’engageait à ne pas développer l’arme atomique et permettait une inspection de ses installations nucléaires. L’Agence internationale de l’énergie atomique, chargée de vérifier les sites iraniens, a assuré, fin août, dans son plus récent rapport, que l’Iran respecte ses engagements.
LE PIRE « DEAL » DE L’HISTOIRE
Tous les 90 jours, le président américain doit renouveler l’allègement des sanctions et c’est ce que Donald Trump a fait avec réticence cette semaine. Ça ne durera pas. Jeudi, à bord d’Air Force One, Trump a relancé sa cabale contre l’entente, la « pire à avoir jamais existé ».
En octobre, la Maison-Blanche doit confirmer au Congrès que Téhéran se soumet à ses obligations et, à entendre son occupant de 71 ans, mieux vaut ne pas placer son argent sur cette confirmation-là. « L’Iran viole non seulement des volets, mais aussi l’esprit de l’accord. Nous n’allons pas rester à ne rien faire. Vous verrez en octobre, ce sera très clair ! »
ON CHERCHE DES POUX À L’IRAN
Depuis des mois, l’administration Trump cherche par tous les moyens à démontrer que Téhéran n’assume pas ses responsabilités. Demain, en parallèle à l’ouverture de la nouvelle session de l’Assemblée générale de l’ONU, Donald Trump va discuter, notamment avec Emmanuel Macron, le président français, et Benjamin Netanyahou, le premier ministre israélien, de ce qu’il dénonce comme le comportement déstabilisateur de l’Iran.
En réalité, ce JCPOA avec l’Iran devrait être considéré comme une voie à suivre plutôt qu’un échec à oublier. À observer la surenchère nord-coréenne des derniers mois et l’improvisation des réactions occidentales, ne nous sentirions-nous pas plus en paix d’avoir signé un accord à l’iranienne avec Pyongyang ?