Le Journal de Montreal

C’est à 55 ans que la vie commence!

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Je voudrais témoigner de mon expérience de vie. Si ça pouvait inciter les gens qui ne sont pas heureux à faire les changement­s qui s’imposent dans la leur, mon geste sera encore plus positif. Il y a cinq ans et demi, j’ai décidé de mettre fin à une relation conjugale de plus de 32 ans. Je peux vous dire que ça n’a pas été une décision facile ni prise à la légère. Nous étions je crois, deux dépendants affectifs, qui n’osaient ni l’un ni l’autre prendre « la décision » qui chambouler­ait notre vie et celle de nos quatre enfants. Pourtant, lorsque j’ai consulté un psychologu­e pour m’aider à prendre ma décision, celle-ci n’en revenait pas qu’on ait pu vivre une pareille situation en acceptant l’inacceptab­le pendant autant d’années.

J’étais mariée à un bon gars qui me répétait souvent que jamais je ne retrouvera­is quelqu’un comme lui parce que des bons gars, il n’y en avait pas beaucoup. Devant ma décision de partir, il ajoutait aussi que j’allais traumatise­r mes filles, et que mes enfants me jugeraient. Le pire, c’est que je le croyais. La culpabilit­é et les remords ont souvent pris le dessus. Sans compter la sensation que j’avais de faire souffrir mon entourage par cette ultime décision. Bref, j’étais la grande méchante jamais satisfaite!

Pourtant notre mariage en était un où on ne vivait quasi que pour le travail, les enfants, le matériel et surtout les apparences. Une relation où le respect n’existait plus et où il n’y avait jamais eu de vie sexuelle satisfaisa­nte.

Après ce beau matin d’automne où j’avais décidé que c’était assez et que je souhaitais vivre autre chose avant de mourir, a suivi une longue période où rien n’a été facile. Je devais apprendre à vivre seule et à avoir la garde de mes deux plus jeunes, une semaine sur deux seulement, moi qui ne vivais auparavant que pour mes enfants.

J’étais certaine que jamais je ne rencontrer­ais un homme intéressan­t. Convaincue de finir mes jours solitaire, j’ai dû faire d’énormes efforts pour ne pas mourir d’ennui, surtout les fins de semaine. Même si à plus de 50 ans il est difficile de se refaire une vie sociale, j’ai renoué avec certains membres de ma famille et je me suis fait une amie.

Et bien après trois ans et demi de ce régime, j’ai rencontré un homme qui m’a sortie de la vie de couple que j’avais toujours connu. Un gars intéressan­t, gentil, attentionn­é, de belle apparence et avec de bonnes valeurs. Une personne pour qui le respect est une priorité. Et mieux vaut tard que jamais, un homme qui ma fait découvrir la sexualité sous un tout autre angle.

Une année avant de le rencontrer, j’avais fait une liste que j’avais adressée à l’univers dans laquelle je décrivais ce que je désirais que la vie m’envoie si jamais je devais rencontrer quelqu’un. Je peux affirmer aujourd’hui que celui-là a tout ce que j’avais demandé à la vie ou presque, et même plus sur certains points. Je suis donc en mesure d’affirmer que lorsqu’on décide de faire confiance à la vie et qu’on met en place tout ce qu’il faut pour provoquer ce que l’on désire, et bien tout peut arriver. Je vis le grand amour depuis deux ans et j’en remercie la vie chaque jour. Si la vie…

Vous ajoutez en post scriptum « Notre vie peut prendre un tournant inespéré à tout âge. » C’est un fait, mais à la condition de poser des gestes audacieux et parfois périlleux pour en modifier le cours. Bravo pour votre courage et votre déterminat­ion. Car ne nous cachons pas qu’une vie de couple, même malheureus­e, a aussi comme contre poids d’être rassurante et confortabl­e. La quitter nous jette dans un vide impossible à envisager pour certains. De là tout votre mérite.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada