ENFIN DU CARACTÈRE
De toutes les nouveautés qui ont débarqué sur le marché cette année, difficile de croire que c’est une Honda Civic à 40 000 $ qui a volé la vedette.
Et pourtant, c’est bel et bien le cas. La très médiatisée Civic Type R a carrément ravivé la flamme des amateurs de Honda, qui avaient très peu à se mettre sous la dent depuis quelques années. Après des mois d’attente, la Type R est enfin offerte au Québec, et en une semaine à son bord, je n’arrive toujours pas à croire à toute l’attention et l’intérêt que suscite cette voiture.
Jamais, depuis que je fais ce métier, un véhicule que j’ai mis à l’essai ne m’a attiré autant de pouces en l’air et de conversations aux feux rouges. Pas même des bolides exotiques qui valent quatre fois plus cher. Alors, qu’est-ce qu’elle a de si spécial, cette nouvelle Type R ?
UNE VRAIE BÊTE
Faut dire qu’elle a de quoi faire tourner les têtes, cette Civic sur les stéroïdes. Mais oublions son look pour un moment et concentrons-nous sur ce qui compte vraiment : la performance. Parce que c’est ça, au fond, la Type R.
De son petit moteur turbocompressé de 2 litres, la Civic extirpe un impressionnant total de 306 chevaux et 295 livres-pieds de couple. Pour gérer tout ça, Honda propose un différentiel à glissement limité ainsi qu’une transmission manuelle à six rapports avec capacité d’ajustement des régimes (Rev Match). Pas de boîte automatique au menu. La Type R est une voiture de puriste, tenez-vous-le pour dit !
Construite à partir de la Civic à hayon, cette version offre aussi un aérodynamisme complètement repensé qui change sérieusement son comportement routier.
Ça commence avec l’aileron à l’arrière, qui n’est pas seulement là pour faire joli. Sur son capot en aluminium, une ouverture permet de diffuser l’air qui y pénètre vers les côtés de la voiture, où d’autres trappes sont installées pour évacuer le tout, générant un maximum de stabilité. Un système de freinage à quatre pistons signé Brembo permet à la petite bombe japonaise de freiner comme elle accélère : très rapidement !
Sur la route, tout ça se résume par une expérience de conduite hors du commun. On a l’impression de ne faire qu’un avec la voiture, qui atteint rapidement des vitesses qui devraient être réservées à la piste de course.
Pour un bolide de performance, sa consommation d’essence demeure aussi franchement raisonnable. Les cotes annoncées sont de 10,5 L/100 km en ville et de 8,3 L/100 km sur route. Après près de 1000 km passés à bord, j’ai compilé une moyenne de 8,5 L/100 km.
DANS LA PEAU DE PAUL WALKER
Avec ses roues noires de 20 pouces, ses teintes de rouge un peu partout, son échappement triple et son gigantesque aileron à l’arrière, disons que Honda n’a pas joué la carte de la discrétion avec la Type R. Tout de suite, on sait qu’on n’a pas affaire à une Civic ordinaire.
En fait, on a l’impression que Honda tente de raviver la flamme du tuning qui a séduit toute une génération au tournant des années 2000 avec la sortie du premier volet de Fast & Furious. Un peu plus et on nous proposait des néons verts en option sous la voiture !
Certains aimeront ce côté extravagant, et force est d’admettre que ça fait du bien de voir les designers de Honda sortir les griffes, pour une fois. Sauf que trop, c’est comme pas assez. Et avec la Type R, Honda a beurré épais pas mal. A-t-on vraiment besoin d’autant de flaflas pour donner à cette Civic un look distinctif ?
Tous les goûts sont dans la nature, mais disons que les commentaires désobligeants se font nombreux à l’égard du style de la Type R, et je me vois forcé de les appuyer. De plus, Honda n’offre que deux couleurs
pour la carrosserie de la Type R. En fait, ce ne sont même pas des couleurs. C’est noir ou c’est blanc. Rien d’autre.
À l’intérieur, les sièges rouges volent la vedette et nous rappellent, encore une fois, qu’on ne se trouve pas dans la Civic de votre tante Gertrude. Malheureusement, le pitoyable système d’infodivertissement de Honda demeure le même dans la Type R. C’est probablement son pire défaut…
PAS DE ROUAGE INTÉGRAL
La Honda Civic Type R arrive à peine sur nos routes que déjà, elle est comparée à de grandes pointures. La Volkswagen Golf R, la Ford Focus RS et la Subaru WRX STI ont rapidement été ciblées comme étant ses principales rivales.
Ces trois modèles proposent toutefois une caractéristique qui manque à la Type R : un rouage intégral.
Alors que tous ses concurrents ont cru bon d’utiliser un entraînement à quatre roues motrices, Honda s’entête à conserver le système à roues motrices avant qui équipe les autres versions de la Civic.
Est-ce vraiment un handicap par rapport à la concurrence? Sur la piste, pas vraiment. La Type R n’a pas à être gênée de ses performances, comme en témoigne son temps de 07:43:80 sur le mythique circuit de Nürburgring.
Sauf que dans la vraie vie, pour un automobiliste québécois qui compte utiliser sa voiture à longueur d’année, le rouage intégral est assurément un avantage. La conduite hivernale fait partie de notre réalité, et celle-ci est radicalement facilitée par quatre roues motrices. Mais ça, ça n’a probablement jamais traversé l’esprit des ingénieurs de Honda.
Malgré cette différente architecture, la Type R est vendue à un prix similaire à celui de la concurrence, à partir de 40 890 $. Non, ce n’est pas donné pour une Civic.
Mais voilà. Mis à part son nom, la Type R n’a pas grand-chose à voir avec une Civic.