Le Journal de Montreal

ENFIN DU CARACTÈRE

- FRÉDÉRIC MERCIER

De toutes les nouveautés qui ont débarqué sur le marché cette année, difficile de croire que c’est une Honda Civic à 40 000 $ qui a volé la vedette.

Et pourtant, c’est bel et bien le cas. La très médiatisée Civic Type R a carrément ravivé la flamme des amateurs de Honda, qui avaient très peu à se mettre sous la dent depuis quelques années. Après des mois d’attente, la Type R est enfin offerte au Québec, et en une semaine à son bord, je n’arrive toujours pas à croire à toute l’attention et l’intérêt que suscite cette voiture.

Jamais, depuis que je fais ce métier, un véhicule que j’ai mis à l’essai ne m’a attiré autant de pouces en l’air et de conversati­ons aux feux rouges. Pas même des bolides exotiques qui valent quatre fois plus cher. Alors, qu’est-ce qu’elle a de si spécial, cette nouvelle Type R ?

UNE VRAIE BÊTE

Faut dire qu’elle a de quoi faire tourner les têtes, cette Civic sur les stéroïdes. Mais oublions son look pour un moment et concentron­s-nous sur ce qui compte vraiment : la performanc­e. Parce que c’est ça, au fond, la Type R.

De son petit moteur turbocompr­essé de 2 litres, la Civic extirpe un impression­nant total de 306 chevaux et 295 livres-pieds de couple. Pour gérer tout ça, Honda propose un différenti­el à glissement limité ainsi qu’une transmissi­on manuelle à six rapports avec capacité d’ajustement des régimes (Rev Match). Pas de boîte automatiqu­e au menu. La Type R est une voiture de puriste, tenez-vous-le pour dit !

Construite à partir de la Civic à hayon, cette version offre aussi un aérodynami­sme complèteme­nt repensé qui change sérieuseme­nt son comporteme­nt routier.

Ça commence avec l’aileron à l’arrière, qui n’est pas seulement là pour faire joli. Sur son capot en aluminium, une ouverture permet de diffuser l’air qui y pénètre vers les côtés de la voiture, où d’autres trappes sont installées pour évacuer le tout, générant un maximum de stabilité. Un système de freinage à quatre pistons signé Brembo permet à la petite bombe japonaise de freiner comme elle accélère : très rapidement !

Sur la route, tout ça se résume par une expérience de conduite hors du commun. On a l’impression de ne faire qu’un avec la voiture, qui atteint rapidement des vitesses qui devraient être réservées à la piste de course.

Pour un bolide de performanc­e, sa consommati­on d’essence demeure aussi franchemen­t raisonnabl­e. Les cotes annoncées sont de 10,5 L/100 km en ville et de 8,3 L/100 km sur route. Après près de 1000 km passés à bord, j’ai compilé une moyenne de 8,5 L/100 km.

DANS LA PEAU DE PAUL WALKER

Avec ses roues noires de 20 pouces, ses teintes de rouge un peu partout, son échappemen­t triple et son gigantesqu­e aileron à l’arrière, disons que Honda n’a pas joué la carte de la discrétion avec la Type R. Tout de suite, on sait qu’on n’a pas affaire à une Civic ordinaire.

En fait, on a l’impression que Honda tente de raviver la flamme du tuning qui a séduit toute une génération au tournant des années 2000 avec la sortie du premier volet de Fast & Furious. Un peu plus et on nous proposait des néons verts en option sous la voiture !

Certains aimeront ce côté extravagan­t, et force est d’admettre que ça fait du bien de voir les designers de Honda sortir les griffes, pour une fois. Sauf que trop, c’est comme pas assez. Et avec la Type R, Honda a beurré épais pas mal. A-t-on vraiment besoin d’autant de flaflas pour donner à cette Civic un look distinctif ?

Tous les goûts sont dans la nature, mais disons que les commentair­es désobligea­nts se font nombreux à l’égard du style de la Type R, et je me vois forcé de les appuyer. De plus, Honda n’offre que deux couleurs

pour la carrosseri­e de la Type R. En fait, ce ne sont même pas des couleurs. C’est noir ou c’est blanc. Rien d’autre.

À l’intérieur, les sièges rouges volent la vedette et nous rappellent, encore une fois, qu’on ne se trouve pas dans la Civic de votre tante Gertrude. Malheureus­ement, le pitoyable système d’infodivert­issement de Honda demeure le même dans la Type R. C’est probableme­nt son pire défaut…

PAS DE ROUAGE INTÉGRAL

La Honda Civic Type R arrive à peine sur nos routes que déjà, elle est comparée à de grandes pointures. La Volkswagen Golf R, la Ford Focus RS et la Subaru WRX STI ont rapidement été ciblées comme étant ses principale­s rivales.

Ces trois modèles proposent toutefois une caractéris­tique qui manque à la Type R : un rouage intégral.

Alors que tous ses concurrent­s ont cru bon d’utiliser un entraîneme­nt à quatre roues motrices, Honda s’entête à conserver le système à roues motrices avant qui équipe les autres versions de la Civic.

Est-ce vraiment un handicap par rapport à la concurrenc­e? Sur la piste, pas vraiment. La Type R n’a pas à être gênée de ses performanc­es, comme en témoigne son temps de 07:43:80 sur le mythique circuit de Nürburgrin­g.

Sauf que dans la vraie vie, pour un automobili­ste québécois qui compte utiliser sa voiture à longueur d’année, le rouage intégral est assurément un avantage. La conduite hivernale fait partie de notre réalité, et celle-ci est radicaleme­nt facilitée par quatre roues motrices. Mais ça, ça n’a probableme­nt jamais traversé l’esprit des ingénieurs de Honda.

Malgré cette différente architectu­re, la Type R est vendue à un prix similaire à celui de la concurrenc­e, à partir de 40 890 $. Non, ce n’est pas donné pour une Civic.

Mais voilà. Mis à part son nom, la Type R n’a pas grand-chose à voir avec une Civic.

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