Le Journal de Montreal

PEU DE TRAVAIL POUR LE LIEUTENANT-GOUVERNEUR

Un agenda dégarni à 140 000 $ par année

- Kathryne Lamontagne KLamontagn­eJDQ

QUÉBEC | À en croire le contenu de ses agendas, le lieutenant-gouverneur du Québec J. Michel Doyon n’a été que très peu occupé depuis sa nomination, en septembre 2015.

À part les séances de ratificati­on de décrets et de projets de loi du gouverneme­nt rattachées à son rôle symbolique, le représenta­nt de la reine d’Angleterre au Québec n’a parfois qu’une poignée d’événements à son programme, a constaté notre Bureau parlementa­ire à la suite d’une demande d’accès à l’informatio­n.

Certains mois ne comportent pas plus d’une activité. En mars 2016, par exemple, le lieutenant-gouverneur s’est seulement entretenu avec le ministre des Affaires autochtone­s Geoffroy Kelley afin de « mettre en place la Médaille de reconnaiss­ance aux autochtone­s ». En août 2016, M. Doyon, qui empoche près de 140 000 $ annuelleme­nt, n’a assisté qu’à une journée portes ouvertes à Valcartier.

Au fil des mois, l’agenda du lieutenant-gouverneur est parsemé de cérémonies, cocktails dînatoires, premières de films, tournois de golf, matchs de baseball, funéraille­s et rencontres diverses. Le constat n’inquiète toutefois pas J. Michel Doyon, qui assure faire tout en son possible pour être proactif et redorer le blason de sa fonction, souvent critiquée (voir autre article).

UNE SEMAINE À LONDRES

S’il voyage peu à l’extérieur de la province, l’ancien bâtonnier s’est tout de même rendu à Londres en février dernier. Durant ce voyage de sept jours, il a visité le palais de Westminste­r, discuté avec la reine Elizabeth II et obtenu une audience avec le prince Charles. Il a aussi assisté à la projection du film Guibord s’en va-t-en guerre en présence du réalisateu­r Philippe Falardeau.

Les mois d’avril à juillet ont été les plus occupés, en 2016 comme en 2017, avec au moins une activité par jour. Cette période est marquée par les cérémonies de remise de médailles du lieutenant-gouverneur, qui visent à reconnaîtr­e l’engagement social d’un étudiant, l’action bénévole d’un aîné ou le mérite exceptionn­el d’un Québécois.

PRÉDÉCESSE­URS

Notre Bureau parlementa­ire avait révélé en automne 2015 le contenu des agendas des deux dernières années de mandat de l’ancien lieutenant-gouverneur Pierre Duchesne, en poste de 2007 à 2015. Son emploi du temps était également parsemé de larges trous.

Le passage de sa prédécesse­ure, de 1997 à 2007, avait quant à lui été marqué par l’excès. L’ex-lieutenant­e-gouverneur­e Lise Thibault avait été reconnue coupable de fraude et d’abus de confiance pour avoir injustemen­t réclamé quelque 700 000 $ en remboursem­ent de dépenses auprès des deux paliers de gouverneme­nt.

SURVEILLER LES DÉPENSES

Le lieutenant-gouverneur assure porter une attention particuliè­re aux dépenses liées à sa fonction. Il dit privilégie­r, par exemple, les allers-retours lorsqu’il se rend à l’extérieur, afin d’éviter de débourser pour des nuitées à l’hôtel. Il assure payer lui-même l’alcool qu’il consomme.

L’an dernier, il se serait luimême rendu au Costco afin d’acheter et payer de sa poche tout ce qu’il fallait pour servir le déjeuner aux joueurs d’une équipe de baseball cubaine qui venaient le voir.

« Ce n’est pas à l’État de payer ça, soutient-il. Il y en a qui ont fait du laxisme et qui ont payé pour. Le lieutenant-gouverneur doit donner l’exemple, c’est la première chose. »

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PHOTO LE JOURNAL DE QUÉBEC, DIDIER DEBUSSCHER­E « C’est sûr que la fonction de lieutenant-gouverneur est plus critiquée que moins. Toutefois, c’est une fonction qui est fondamenta­le dans notre système politique, qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas », estime J. Michel Doyon.
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