Xavier Dolan a raison
Et si nous étions notre pire ennemi ?
Et si c’était nous, la principale menace à la survie de notre langue et de notre culture ?
Et si, au lieu de pointer les autres du doigt, on se regardait dans le miroir ?
CORDONNIERS MAL CHAUSSÉS
Hier, La Presse nous apprenait qu’à leur premier essai, près de la moitié des futurs enseignants québécois ont échoué à l’examen de français obligatoire pour l’obtention de leur brevet d’enseignement.
Vous avez bien lu : 47 % des futurs profs ont coulé leur examen de français l’an dernier.
Et on ne parle pas de questions très compliquées.
Conjuguer les verbes « envoyer » et « publier » à la troisième personne du pluriel. Le mot « hangard » est-il bien écrit ou mal écrit ? Écrit-on « incendi » ou « incendie » ?
« Appointement » est-il un mot français ? Écrit-on une dent « cariée » ou une dent « carriée » ?
Pas besoin d’être Marcel Proust pour répondre à ces questions.
Je suis sûr que même Mélanie Joly réussirait le test les doigts dans le nez.
Que la moitié des étudiants en génie ou en médecine dentaire échouent à ce test est une chose. Mais on parle ici d’étudiants en sciences de l’éducation !
Nos futurs profs ! Ceux qui vont montrer à nos enfants à lire et à écrire !
Pendant ce temps, on se demande si on devrait rendre la loi 101 plus sévère ou moins sévère.
Oubliez ça ! Ce ne sont pas les anglophones ou les allophones qui menacent notre langue, mais les francophones !
« ON EST MOU »
Dans le dernier numéro de L’Actualité, le nouveau magazine « d’extrême centre », le réalisateur de Mommy dit que le système d’éducation québécois est « de la marde ».
« On n’a pas un système d’éducation qui prépare des enfants à la vie, au marché, à la concurrence, à la compétence, dit-il. On ne prépare pas des individus forts intellectuellement.
« On est mou, on est laxiste, on manque de rigueur, de curiosité, de culture. Regarde juste la façon dont on valorise auprès d’un enfant le travail d’équipe et la participation.
« L’important dans la vie, ce n’est pas de participer ! L’important, c’est de comprendre, d’assimiler une notion et de la maîtriser. Mais ce qu’on célèbre, ce n’est pas le savoir, ce n’est pas la connaissance, ce n’est pas la maîtrise. »
L’enfant terrible du cinéma québécois a parfaitement raison.
Au lieu de relever la barre, on ne cesse de l’abaisser.
ARRACHER L’ÉLÈVE
Le mot « éduquer » vient du latin educere, qui veut dire « hors de ».
Éduquer, c’est « arracher », « extirper », sortir l’élève de sa zone de confort, l’amener ailleurs, là où il ne serait jamais allé naturellement.
Or, notre système d’éducation fait le contraire : il ne dépayse pas l’étudiant, il le ramène à lui-même. Il le confronte à ce qu’il connaît déjà.
Pour citer le philosophe Alain Finkielkraut, l’école suit le goût du jour. Comme Amazon, elle te recommande des choses que tu aimes déjà !
Pas étonnant que nos futurs profs écrivent mal. On leur parle dans leur langue.
Genre comme tsé veux dire.