Le Journal de Montreal

Xavier Dolan a raison

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com

Et si nous étions notre pire ennemi ?

Et si c’était nous, la principale menace à la survie de notre langue et de notre culture ?

Et si, au lieu de pointer les autres du doigt, on se regardait dans le miroir ?

CORDONNIER­S MAL CHAUSSÉS

Hier, La Presse nous apprenait qu’à leur premier essai, près de la moitié des futurs enseignant­s québécois ont échoué à l’examen de français obligatoir­e pour l’obtention de leur brevet d’enseigneme­nt.

Vous avez bien lu : 47 % des futurs profs ont coulé leur examen de français l’an dernier.

Et on ne parle pas de questions très compliquée­s.

Conjuguer les verbes « envoyer » et « publier » à la troisième personne du pluriel. Le mot « hangard » est-il bien écrit ou mal écrit ? Écrit-on « incendi » ou « incendie » ?

« Appointeme­nt » est-il un mot français ? Écrit-on une dent « cariée » ou une dent « carriée » ?

Pas besoin d’être Marcel Proust pour répondre à ces questions.

Je suis sûr que même Mélanie Joly réussirait le test les doigts dans le nez.

Que la moitié des étudiants en génie ou en médecine dentaire échouent à ce test est une chose. Mais on parle ici d’étudiants en sciences de l’éducation !

Nos futurs profs ! Ceux qui vont montrer à nos enfants à lire et à écrire !

Pendant ce temps, on se demande si on devrait rendre la loi 101 plus sévère ou moins sévère.

Oubliez ça ! Ce ne sont pas les anglophone­s ou les allophones qui menacent notre langue, mais les francophon­es !

« ON EST MOU »

Dans le dernier numéro de L’Actualité, le nouveau magazine « d’extrême centre », le réalisateu­r de Mommy dit que le système d’éducation québécois est « de la marde ».

« On n’a pas un système d’éducation qui prépare des enfants à la vie, au marché, à la concurrenc­e, à la compétence, dit-il. On ne prépare pas des individus forts intellectu­ellement.

« On est mou, on est laxiste, on manque de rigueur, de curiosité, de culture. Regarde juste la façon dont on valorise auprès d’un enfant le travail d’équipe et la participat­ion.

« L’important dans la vie, ce n’est pas de participer ! L’important, c’est de comprendre, d’assimiler une notion et de la maîtriser. Mais ce qu’on célèbre, ce n’est pas le savoir, ce n’est pas la connaissan­ce, ce n’est pas la maîtrise. »

L’enfant terrible du cinéma québécois a parfaiteme­nt raison.

Au lieu de relever la barre, on ne cesse de l’abaisser.

ARRACHER L’ÉLÈVE

Le mot « éduquer » vient du latin educere, qui veut dire « hors de ».

Éduquer, c’est « arracher », « extirper », sortir l’élève de sa zone de confort, l’amener ailleurs, là où il ne serait jamais allé naturellem­ent.

Or, notre système d’éducation fait le contraire : il ne dépayse pas l’étudiant, il le ramène à lui-même. Il le confronte à ce qu’il connaît déjà.

Pour citer le philosophe Alain Finkielkra­ut, l’école suit le goût du jour. Comme Amazon, elle te recommande des choses que tu aimes déjà !

Pas étonnant que nos futurs profs écrivent mal. On leur parle dans leur langue.

Genre comme tsé veux dire.

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Ce ne sont pas les immigrants qui menacent notre langue, c’est nous !
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