Bras de fer sur la réforme des PME
La session parlementaire d’automne est officiellement lancée dans la capitale fédérale
OTTAWA | Le Parti conservateur a donné le ton à la session parlementaire en attaquant sans relâche le gouvernement Trudeau sur sa proposition d’abolir des échappatoires fiscales pour les PME, hier.
Ignorant tous les autres sujets chauds de l’automne, dont les migrants, le cannabis ou l’ALÉNA, l’opposition conservatrice a concentré toutes ses attaques sur le projet de réforme fiscale du gouvernement, lors de la toute première période de questions de la rentrée parlementaire.
« Le premier ministre peut-il nous dire ce qui est équitable dans le fait d’empêcher une mécanicienne d’agrandir son entreprise ? » a lancé le chef conservateur, Andrew Scheer.
ÉQUITÉ
« Est-ce équitable pour les employés mis à pied par le restaurant où ils travaillent simplement parce que le propriétaire doit payer plus d’impôts pour financer les dépenses hors de contrôle du premier ministre ? Où est l’équité dans tout cela ? » a-t-il pesté d’un trait.
Justin Trudeau martèle depuis des semaines qu’il ne reculera pas sur sa réforme, malgré la grogne de l’opposition et de groupes de pression, car il s’agit selon lui d’une question d’équité.
Alors que le bras de fer s’est transporté au Parlement, le premier ministre a poursuivi dans cette veine.
« Nous avons un système, actuellement, qui permet aux individus riches d’utiliser des corporations privées pour payer de plus bas taux d’impôts que la classe moyenne, ce qui n’est pas juste », s’est défendu M. Trudeau.
L’épreuve de force entre conservateurs et libéraux ne fait que commencer.
CAMPAGNE PUBLICITAIRE
Andrew Scheer doit lancer aujourd’hui une campagne publicitaire pancanadienne, à la radio et sur internet, dénonçant la réforme libérale.
Le gouvernement Trudeau espère récupérer 250 M$ par année en abolissant trois échappatoires qu’utilisent les gens d’affaires pour payer moins d’impôt.
Le chef néo-démocrate, Thomas Mulcair, ne veut de son côté pas se mêler de l’affaire pour l’instant, puisque le projet en est seulement au stade des consultations.
Pressé de questions, M. Mulcair a toutefois laissé entendre qu’il existe actuellement un « équilibre » important de préserver.
PAS DE REER
Le chef néo-démocrate a rappelé que, contrairement aux salariés, les entrepreneurs n’ont généralement pas accès à un REER ou à un régime de pension, par exemple.
Si la réforme libérale est adoptée telle quelle, les entrepreneurs ne pourront plus éviter de payer de l’impôt en mettant des profits au nom de membres de leur famille qui n’ont pas de lien avec l’entreprise.
Il ne serait plus possible non plus de vendre sa société au nom de sa femme ou de ses enfants et d’accumuler de l’argent à taux d’imposition moindre dans son fonds d’entreprise.