Une travailleuse du sexe pourrait avoir été assassinée par un client
Le Service de police de la Ville de Montréal recherche activement un témoin important
Une travailleuse du sexe transgenre a été poignardée à mort hier dans son appartement du Sud-Ouest, et sa soeur est convaincue qu’elle a été victime d’un de ses clients.
Le corps ensanglanté de Gerry Sisi Thibert, 26 ans, a été trouvé par son voisin dans l’entrée commune de leur immeuble de logements de la rue Mullins vers 2 h du matin. Son décès a été constaté à l’hôpital en matinée.
Les enquêteurs ont passé la scène de crime au peigne fin durant la journée afin de récolter des éléments de preuve. En fin de journée, la police de Montréal a diffusé des photos d’un témoin important recherché relativement à cet homicide.
L’homme a les yeux et les cheveux noirs. Il était vêtu d’un pantalon noir, d’un manteau noir et d’un chandail noir portant l’inscription « Nike » en lettres blanches.
La soeur de la victime a accepté de se confier au Journal pour sensibiliser les autres travailleurs du sexe, particulièrement les transgenres, aux risques que comporte le fait de recevoir des inconnus à leur domicile.
« La plupart des clients habituels ont une envie folle qui peut rendre fou », a dit Tina Thibert.
Même si la victime savait que son métier était dangereux, elle le faisait pour payer les frais liés à sa transformation physique et mentale. Gerry Sisi Thibert ne prétendait pas non plus être quelqu’un d’autre lorsqu’elle publiait ses annonces sur internet et indiquait clairement qu’elle était transgenre, a assuré sa soeur. D’ailleurs, selon les experts consultés, il y aurait une importante demande pour ce type de femme dans l’industrie du sexe.
GÉRER SON ATTIRANCE
Selon la psychologue spécialiste des questions d’identité du genre Françoise Susset, le métier de travailleur du sexe peut s’avérer plus dangereux pour les femmes trans, puisque certains clients ont beaucoup de mal à gérer l’attirance qu’ils éprouvent pour elles.
« Plus il y a une excitation sexuelle, plus le sentiment de rage peut s’exprimer de façon violente, a-t-elle expliqué. Il y a des hommes qui ne veulent absolument pas vivre avec le fait qu’ils ont cette attirance, et tuent l’objet de cette attirance. »
VULNÉRABLES
Les travailleuses du sexe transgenres peuvent aussi être davantage victimes de violence en raison de leur vulnérabilité, estime Sandra Wesley, directrice générale de Stella, un organisme de défense des droits des travailleuses et travailleurs du sexe.
« Quand un homme violent veut violenter quelqu’un, il va cibler les personnes les plus vulnérables et celles qui sont le moins [susceptibles] d’appeler à l’aide. »
Les femmes transgenres dans l’industrie du sexe font face à une double discrimination, croit Marie-Pier Boisvert, du Conseil québécois LGBT. Elles ont moins tendance à aller chercher de l’aide puisqu’elles sont constamment stigmatisées et jugées, croit-elle.