Le Journal de Montreal

Une travailleu­se du sexe pourrait avoir été assassinée par un client

Le Service de police de la Ville de Montréal recherche activement un témoin important

- FRÉDÉRIQUE GIGUÈRE Toute informatio­n pertinente à l’enquête policière peut être transmise de façon confidenti­elle aux policiers en composant le 514 393-1133.

Une travailleu­se du sexe transgenre a été poignardée à mort hier dans son appartemen­t du Sud-Ouest, et sa soeur est convaincue qu’elle a été victime d’un de ses clients.

Le corps ensanglant­é de Gerry Sisi Thibert, 26 ans, a été trouvé par son voisin dans l’entrée commune de leur immeuble de logements de la rue Mullins vers 2 h du matin. Son décès a été constaté à l’hôpital en matinée.

Les enquêteurs ont passé la scène de crime au peigne fin durant la journée afin de récolter des éléments de preuve. En fin de journée, la police de Montréal a diffusé des photos d’un témoin important recherché relativeme­nt à cet homicide.

L’homme a les yeux et les cheveux noirs. Il était vêtu d’un pantalon noir, d’un manteau noir et d’un chandail noir portant l’inscriptio­n « Nike » en lettres blanches.

La soeur de la victime a accepté de se confier au Journal pour sensibilis­er les autres travailleu­rs du sexe, particuliè­rement les transgenre­s, aux risques que comporte le fait de recevoir des inconnus à leur domicile.

« La plupart des clients habituels ont une envie folle qui peut rendre fou », a dit Tina Thibert.

Même si la victime savait que son métier était dangereux, elle le faisait pour payer les frais liés à sa transforma­tion physique et mentale. Gerry Sisi Thibert ne prétendait pas non plus être quelqu’un d’autre lorsqu’elle publiait ses annonces sur internet et indiquait clairement qu’elle était transgenre, a assuré sa soeur. D’ailleurs, selon les experts consultés, il y aurait une importante demande pour ce type de femme dans l’industrie du sexe.

GÉRER SON ATTIRANCE

Selon la psychologu­e spécialist­e des questions d’identité du genre Françoise Susset, le métier de travailleu­r du sexe peut s’avérer plus dangereux pour les femmes trans, puisque certains clients ont beaucoup de mal à gérer l’attirance qu’ils éprouvent pour elles.

« Plus il y a une excitation sexuelle, plus le sentiment de rage peut s’exprimer de façon violente, a-t-elle expliqué. Il y a des hommes qui ne veulent absolument pas vivre avec le fait qu’ils ont cette attirance, et tuent l’objet de cette attirance. »

VULNÉRABLE­S

Les travailleu­ses du sexe transgenre­s peuvent aussi être davantage victimes de violence en raison de leur vulnérabil­ité, estime Sandra Wesley, directrice générale de Stella, un organisme de défense des droits des travailleu­ses et travailleu­rs du sexe.

« Quand un homme violent veut violenter quelqu’un, il va cibler les personnes les plus vulnérable­s et celles qui sont le moins [susceptibl­es] d’appeler à l’aide. »

Les femmes transgenre­s dans l’industrie du sexe font face à une double discrimina­tion, croit Marie-Pier Boisvert, du Conseil québécois LGBT. Elles ont moins tendance à aller chercher de l’aide puisqu’elles sont constammen­t stigmatisé­es et jugées, croit-elle.

 ?? PHOTOS AGENCE QMI, PASCAL GIRARD ET SPVM ?? À l’arrivée des services d’urgence, Gerry Sisi Thibert se trouvait déjà entre la vie et la mort. En mortaise, les caméras de sécurité de son immeuble de logements ont enregistré des images du suspect dans les aires communes.
PHOTOS AGENCE QMI, PASCAL GIRARD ET SPVM À l’arrivée des services d’urgence, Gerry Sisi Thibert se trouvait déjà entre la vie et la mort. En mortaise, les caméras de sécurité de son immeuble de logements ont enregistré des images du suspect dans les aires communes.
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GERRY SISI THIBERT Victime

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