Québec se finance jusqu’à 12 %
Incroyable ! Alors qu’il nous verse un maigrichon 1,25 % d’intérêt sur ses obligations d’épargne, le gouvernement du Québec paie de 9 à 12 % d’intérêt sur des obligations en circulation émises dans les années 1980 et 1990.
Eh oui ! Le gouvernement du Québec est encore aux prises avec des emprunts à long terme qui, une fois rendus à terme, lui auront coûté en frais d’intérêt jusqu’à quatre fois le montant emprunté.
Son pire emprunt encore en circulation en est un de 50 millions de livres sterling (Royaume-Uni) d’un terme de 36 ans, au taux de 12,25 %. Lorsqu’il arrivera à terme, le 15 mars 2020, cet emprunt contracté sur le marché britannique en février 1984 nous aura siphonné en frais d’intérêt la somme de 220 millions de livres sterling, soit quelque 360 millions de dollars canadiens.
ABERRANT
Comme Québec peut emprunter à long terme à moins de 3 % d’intérêt, et ce depuis plusieurs années, il est aberrant de constater qu’on se fait encore plumer par des grosses émissions d’obligations à rendement élevé émises dans les années 80 et 90.
J’en ai pour preuve l’encours de 1,4 milliard $ d’obligations du Québec émises en 1993 à 9,37 %.
Lorsque ces obligations arriveront à échéance en 2023, le Québec aura versé aux détenteurs de ces obligations la somme de 4,2 milliards en revenus d’intérêt. C’est donc dire que le gouvernement du Québec aura finalement payé un montant d’intérêt trois fois supérieur au montant emprunté.
D’autres émissions d’une durée de vie de 30 ans, dont l’encours en circulation dépasse les 2 milliards, ont également été émises à des taux d’intérêt de l’ordre de 9 %. Ce qui nous coûtera quelque 5,4 milliards en frais d’intérêt sur les 30 années, soit deux fois et demie le montant de l’emprunt contracté.
RIEN À FAIRE
S’il est choquant de payer de tels intérêts, il n’y a rien à faire. Pour une question de crédibilité, le gouvernement est obligé de respecter ces engagements financiers contractés à l’époque des taux d’intérêt élevés.
En 1981, par exemple, le taux d’escompte de la Banque du Canada a atteint 17,9 %. Lorsque le gouvernement du Québec a émis des obligations de 30 ans à des taux allant de 8,5 % à 9,5 %... il y voyait une aubaine !
Ces obligations à taux d’intérêt élevés ne représentent heureusement qu’une fraction de l’encours actuel des emprunts contractés par le gouvernement du Québec pour financer sa dette.
Au 31 mars 2017, l’encours des emprunts effectués par émissions d’obligations s’élevait à 191 milliards de dollars. Un grand nombre d’émissions d’obligations en vigueur rapportent à leurs détenteurs un revenu d’intérêt allant de 4,5 % à 7,5 % du montant investi.
ÉPARGNE PLACEMENT QUÉBEC
Cela dit, c’est avec les produits financiers d’Épargne Placement Québec, dont l’encours totalise 10 milliards de dollars, que le gouvernement du Québec réalise probablement l’un de ses meilleurs coups de financement.
Malheureusement, cela se fait sur le dos des petits épargnants. Il leur verse présentement un intérêt de 1,25 % sur les obligations d’épargne. Même faible rendement pour l’an 1 de ses obligations à taux fixe et à taux progressif.