Le Journal de Montreal

Une autre époque

- VANESSA GUIMOND

Les choses ont bien changé depuis l’époque où Jean Leclerc a fait ses débuts sur Broadway en incarnant Dracula, à la fin des années 1970.

L’artiste de 69 ans, l’un des premiers Québécois à avoir eu du succès chez nos voisins du sud, a dû se résigner à quitter la province pour pouvoir se consacrer pleinement au développem­ent de sa carrière américaine. « Moi, je me disais que j’irais faire

Dracula et que lorsque ce serait fini, je rentrerais chez moi. C’était une job », a expliqué celui qui n’avait ni agent ni gérant au moment où il avait décroché ce premier rôle.

« Les choses se sont passées autrement, a-t-il poursuivi. Les choses se sont développée­s et j’ai commencé à aimer travailler en anglais. »

DIRECTION LOS ANGELES

Après avoir incarné Dracula sur scène à New York, puis en tournée durant deux ans, Jean Leclerc s’est fait conseiller par son agent de l’époque de s’établir à Los Angeles, ce qu’il a fait. C’est au cours de cette période, au début des années 1980, qu’on a notamment pu le voir dans The Doctors.

« Au bout de cinq ans, je travaillai­s moins et je me demandais ce que je devais faire », a-t-il raconté.

C’est à ce moment qu’il a décroché le rôle de Jeremy Hunter dans le « soap » All My Children, diffusé sur la chaîne ABC. L’acteur, qui croyait avoir mis la main sur un contrat d’un an, aura finalement incarné son personnage durant 12 ans, de 1985 à 1997.

« J’ai été très actif dans ça, mais j’ai aussi pu jouer au théâtre et faire d’autres choses autour, a-t-il précisé. Ma vie, elle était vraiment à New York. »

AMBASSADEU­R

Durant toutes ces années passées aux États-Unis, Jean Leclerc ne s’est jamais dissocié de sa culture et de ses racines.

« Je me sentais comme un ambassadeu­r. Tous les soirs, quand je montais sur scène, j’étais un Québécois qui travaillai­t en anglais. C’était important. Je n’ai jamais essayé d’être plus américain qu’un Américain. Ç’aurait été une perte de temps. Mon identité, c’était ma signature. »

Et que pense-t-il des acteurs de chez nous qui, aujourd’hui, aspirent à faire leurs marques dans d’autres marchés ?

« Maintenant, si tu peux travailler en français, en anglais, en espagnol et en chinois, c’est merveilleu­x, a-t-il déclaré. Nous avons maintenant des agents qui peuvent être agressifs, s’il le faut. Les acteurs n’ont plus à se vendre eux-mêmes. Je pense à Karine Vanasse et à beaucoup d’autres, et je trouve ça formidable. »

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