Le Journal de Montreal

ACTRICE SANS FRONTIÈRES

À l’aide de la technologi­e et de l’anglais, Evelyne Brochu a beaucoup tourné à l’étranger

- Vanessa Guimond Vanessa Guimond

C’était dans les mois qui ont suivi la parution de Café de Flore, en 2011. L’actrice Évelyne Brochu a décidé d’écouter son instinct et de tenter sa chance à l’étranger. Aujourd’hui, celle dont le CV est parsemé de projets réalisés à l’extérieur du Québec se réjouit de pouvoir pratiquer son art dans un monde où les frontières ne sont plus synonymes d’obstacles.

« J’ai accès à différents rôles, différents types de fiction, a-t-elle souligné en entrevue. Il y a une façon de raconter les histoires qui appartient à chaque peuple. La culture cinématogr­aphique, en Belgique, n’est pas pareille que celle des États Unis. Leur façon de travailler est complèteme­nt différente. (Travailler à l’étranger) c’est aussi aller casser ses réflexes et explorer d’autres manières de penser. »

Malgré ses propos teintés d’enthousias­me, faire carrière à l’internatio­nal n’a pas toujours fait partie des rêves caressés par l’actrice. Dans les mois qui ont suivi l’obtention de son diplôme du Conservato­ire d’art dramatique de Montréal, en 2005, la jeune femme se préoccupai­t davantage de trouver du boulot dans son domaine chez elle, au Québec.

« Je ne savais même pas si j’allais avoir une carrière au Québec, alors avant de commencer à rêver d’ouvrir ces horizons-là… Ce n’est pas une chose à laquelle je pensais d’emblée. »

C’est lorsqu’elle a rencontré son gérant Marc Hamou, un Montréalai­s établi à Los Angeles, que l’actrice de 33 ans a réalisé qu’elle pouvait réellement aspirer à décrocher des rôles à l’internatio­nal. « C’est lui qui m’a aidée à concrétise­r ça », a-t-elle poursuivi.

BILINGUE

Évelyne Brochu, qui a grandi dans l’ouest de l’île de Montréal, parlait déjà très bien l’anglais lorsqu’on lui a confié le personnage de Delphine dans Orphan Black. Depuis, elle a notamment décroché des rôles dans la série canado-hongroise X Company, mais aussi dans les films américains Pawn Sacrifice et Rememory. « D’avoir le bon accent pour le personnage, c’est sûr que c’est important », a-t-elle indiqué.

« Si tu as un accent québécois, il y a de bonnes chances qu’on ne te fasse pas jouer une policière de Boston. Ce n’est pas une question d’aimer ou non notre accent, c’est une question d’être capable d’adhérer au personnage », a-t-elle poursuivi.

Le fait que les acteurs, de nos jours, puissent aisément se filmer eux-mêmes et envoyer des self tapes (vidéos d’audition) facilite également les choses pour ceux et celles qui souhaitent travailler dans différents marchés. À une époque pas si lointaine, les artistes devaient se trouver au bon endroit au bon moment dans l’espoir de décrocher un rôle.

« Nous n’avons plus à déménager quelque part et à tout sacrifier, à tout laisser derrière pour qu’il y ait des choses qui se passent », a-t-elle souligné.

« Grâce aux self tapes, quelqu’un qui est dans son bureau à Los Angeles peut me voir en quelques minutes. Je n’ai plus besoin de me déplacer, il n’a plus besoin de m’accueillir et il peut partager cette vidéo-là avec des producteur­s et des réalisateu­rs, s’il le veut, a-t-elle ajouté. Maintenant, ça se passe partout où tu as accès à une caméra. »

COLLABORAT­IONS

Selon Évelyne Brochu, ce phénomène de mondialisa­tion des talents – qui touche les acteurs, mais aussi les artisans – apporte son lot d’avantages.

« Le principal avantage, c’est le fait de rencontrer, de voyager. Sur X Company, qui est une histoire de la Deuxième Guerre mondiale, nous avons collaboré avec des acteurs allemands, français, britanniqu­es et américains. »

La coproducti­on est également devenue un modèle intéressan­t pour les artisans qui cherchent de nouvelles façons de financer leurs projets. L’actrice cite notamment l’exemple de Miséricord­e, une coproducti­on Québec-Suisse, tournée en Abitibi-Témiscamin­gue et réalisée par le Suisse Fulvio Bernasconi, dans laquelle elle tenait le rôle principal.

« Ça arrive de plus en plus que les gens mettent leurs forces ensemble; leurs forces financière­s, mais aussi leurs forces techniques. Inch’Allah, c’est aussi un bel exemple de ça. Il devait y avoir des gens d’une douzaine de cultures qui travaillai­ent sur le projet. Quand on met nos forces ensemble, le reste du monde se rapproche. »

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