Le Journal de Montreal

Les tortues du monticule

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En ce qui me concerne, il n’y a rien de plus ennuyant que de voir un lanceur quitter la plaque du monticule, jeter un regard vers le champ extérieur et se réinstalle­r sur la plaque pour ensuite répéter le manège avant de se décider à effectuer un lancer.

Et c’est ce genre d’attitude qui va finir par forcer le baseball majeur à installer des chronomètr­es au tableau indicateur pour afficher le temps dont dispose un lanceur pour effectuer un lancer une fois que le receveur lui a remis la balle et qu’il n’y a aucun coureur sur les sentiers.

Normalemen­t, il ne devrait pas s’écouler plus de 20 secondes dans une telle situation.

Le pire exemple de ces tortues du monticule, c’est Pedro Baez, le releveur des Dodgers de Los Angeles.

Je sais que, souvent, un releveur se pointe sur la butte alors qu’il y a des coureurs sur les buts. Mais au début d’une manche, c’est inacceptab­le !

Baez met en moyenne 30,1 secondes entre chaque lancer. La saison dernière, c’était 30,2 secondes. Toute une améliorati­on, non ?

Baez avoue qu’il doit accélérer son rythme et qu’il le fera, pourvu que cela n’affecte pas ses succès comme releveur.

Que cela affecte ou non ses succès, Baez devra composer avec le chronomètr­e, car le baseball majeur y songe sérieuseme­nt.

12 MINUTES

En effet, le baseball a institué le règlement des 20 secondes entre chaque lancer dans certaines ligues mineures depuis 2015 et on y a enregistré une baisse de 12 minutes dans la durée des matchs.

Mais pour réaliser l’objectif du commissair­e Rob Manfred de réduire de façon significat­ive la durée des matchs, il faudra donner des directives strictes aux arbitres pour faire respecter la règle.

Il faudra faire de même avec les frappeurs qui, entre deux lancers, quittent leur rectangle pour ajuster leurs gants alors qu’ils ne se sont même pas élancés sur l’offrande du lanceur.

Ou encore le frappeur qui, avec un compte complet, se retire du rectangle pour jeter un long regard vers son instructeu­r du troisième but… Quel signal peut-il bien recevoir dans une telle situation ? Aucun. Septembre est le mois idéal des tortues du monticule. Pourquoi ? Simplement parce que les équipes qui peuvent se le permettre rappellent 15 joueurs de leurs filiales, surtout des lanceurs.

15 LANCEURS

Le 1er septembre, les Angels et les Rangers ont mis 4 heures 33 minutes à terminer un match qui n’a nécessité que huit manches et demie. Les gérants en présence ont eu recours à 15 lanceurs pour affronter, en moyenne, six frappeurs... Onze des 15 lanceurs n’ont même pas lancé une manche complète et une balle a été frappée en jeu toutes les 4 minutes 12 secondes ! Cela n’a aucun sens. Qui plus est, le match YankeesRed Sox a duré 4 heures 44 minutes et aucune balle n’a été frappée en jeu dans 40 % des présences au bâton des frappeurs. Faut-il ajouter que le receveur Gary Sanchez, des Yankees, a multiplié ses visites au monticule, quatre fois dans la seule neuvième manche !

Selon l’Elias Sports Bureau, les équipes ont fait appel à 11 % plus de joueurs par match en septembre 2016 et on utilisé 15 % plus de lanceurs au cours de cette période.

Il est dommage que de telles tactiques transforme­nt des matchs qui devraient être les plus excitants de la saison en des matchs qui s’éternisent au point d’inciter les amateurs à quitter le stade avant la fin ou à éteindre leur téléviseur pour aller faire dodo.

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