FRANCOEUR VISAIT AUSSI UN HAUT GRADÉ DE LA SQ
Allégations d’enquête bloquée
Le président de la Fraternité des policiers de Montréal, Yves Francoeur, allègue qu’un ex-haut gradé de la Sûreté du Québec (SQ), qui est aujourd’hui directeur de la police de la Ville de Québec, serait intervenu pour bloquer l’enquête criminelle qui visait au moins un ex-ministre libéral.
Dans la déclaration-choc faite à la SQ au printemps dernier, M. Francoeur pointe du doigt Robert Pigeon, un enquêteur chevronné qui a été le directeur des enquêtes de la commission Charbonneau, entre 2011 et 2014.
Yves Francoeur a fourni cette déclaration en mai après avoir lancé à la radio qu’une enquête criminelle pour « fraude » et « trafic d’influence » avait avorté parce qu’elle visait deux élus libéraux.
Lundi, notre Bureau d’enquête révélait des extraits du document manuscrit de huit pages. On apprenait que, selon quatre sources d’Yves
« JE TROUVE ÇA ABSOLUMENT ODIEUX DE LA PART DE M. FRANCOEUR DE FAIRE UNE ALLÉGATION AUSSI GRATUITE ET MENSONGÈRE. » – Robert Pigeon
Francoeur, c’est l’actuel leader parlementaire du gouvernement, Jean-Marc Fournier, et l’ex-ministre des Finances Raymond Bachand qui étaient visés par l’enquête policière.
Ils auraient participé à une rencontre avec un promoteur immobilier, au célèbre 1000 de la Commune, lors de laquelle il aurait été question de développement ou de dézonage de terrains en retour de contributions au parti libéral du Québec, selon les sources de M. Francoeur.
Dans nos pages, les deux hommes politiques se sont défendus. Ils ont dit n’avoir rien à se reprocher et affir- ment tous deux que M. Bachand n’était tout simplement pas présent lors de l’événement au 1000 de la Commune.
« ARRÊTER L’ENQUÊTE »
S’appuyant sur le témoignage d’une source qu’il ne nomme pas, Yves Francoeur décrit comment l’enquête policière issue du projet Diligence de la SQ aurait été stoppée.
« On a demandé aux enquêteurs d’arrêter l’enquête et la surveillance. La demande viendrait de Robert Pigeon, qui serait intime de Jacques Dupuis (ex-ministre libéral de la sécurité publique) et Robert Lafrenière (patron de l’Unité permanente anticorruption) », écrit-il.
La même source aurait aussi raconté au dirigeant syndical tout l’émoi que cette manoeuvre aurait causé en coulisses de la commission Charbonneau.
« Pigeon aurait voulu le cacher aux procureurs de la commission, qui seraient en “tabarnac” », écrit M. Francoeur dans sa lettre à la SQ.
Depuis les révélations de notre Bureau d’enquête lundi, Yves Francoeur n’a pas voulu accorder d’entrevue.
Dans une brève déclaration écrite, la Fraternité des policiers de Montréal a affirmé que « la déclaration d’Yves Francoeur était privée et [qu’elle] n’aurait jamais dû faire l’objet d’une fuite ».