Tout sur la sexualité des jeunes Québécois
Les jeunes Québécois ne craignent pas les infections et manquent de connaissances de base
Malgré l’explosion des infections transmises sexuellement au Québec, deux jeunes adultes sur cinq n’utilisent pas le condom, même pour une aventure d’un soir. Une « pensée magique » qui illustre leur manque de connaissances de base, révèle une étude.
« C’est la pensée magique, de la même façon qu’on ne met pas de casque », réagit Sara Mathieu, coauteure de l’étude PIXEL, rendue publique hier par l’Institut national de la santé publique du Québec (INSPQ).
Dans le contexte où les infections transmises sexuellement (ITS) sont en forte hausse au Québec*, l’INSPQ a produit un vaste portrait de la santé sexuelle des jeunes adultes de 17 à 29 ans, au Québec. Il s’agit de la première génération qui a grandi sans les cours d’éducation sexuelle dans nos écoles, abolis en 2001.
Réalisée en 2013 et 2014, l’étude est la première à combiner des questionnaires et des prélèvements de tests d’ITS auprès de cette clientèle.
« GÉNÉRATION GOOGLE »
Premier constat : les jeunes adultes ignorent des informations de base et plusieurs ont des pratiques sexuelles risquées. Un homme sur cinq ignorait qu’une chlamydia est contagieuse même si elle est asymptomatique, et 45 % ne savaient pas qu’elle peut causer l’infertilité chez la femme.
Autre fait inquiétant : 28 % des hommes de 20 ans et moins ont répondu ne pas savoir où aller pour passer un test de dépistage. Quant à leur perception d’être à risque d’attraper une infection, les jeunes se disaient peu inquiets (variant de 1,6 à 3,8 sur une échelle de 0 à 10).
« Il faudrait que le message passe mieux que la chlamydia est assez démocratique, dit Mme Mathieu. Considérant que c’est la génération Google, on a à se poser des questions sur la façon dont on diffuse l’information. »
Par ailleurs, l’utilisation du condom demeure sous-optimale. Seulement 60 % des jeunes l’avaient utilisé lors de leur dernière relation sexuelle avec un partenaire d’un soir.
Aussi, 20 % des jeunes affirmaient qu’il y avait eu pénétration avant de mettre le condom.
À L’ÉCOLE
Selon plusieurs sexologues, ce constat montre l’importance du retour des cours d’éducation à la vie sexuelle en milieu scolaire. « Sans prévention en amont, on voit les conséquences en aval. Les jeunes n’ont pas les outils pour prendre des décisions éclairées », réagit Léon Petit, sexologue. « C’est nécessaire de ramener l’éducation sexuelle dans les écoles. On a enlevé cette responsabilité de nos épaules et ça vient nous rattraper », croit aussi Valérie Major, également sexologue. À noter que le gouvernement a l’intention de ramener le cours, mais il n’est pas encore implanté. D’ailleurs, Mme Mathieu souhaiterait refaire l’étude après le retour de la formation, pour comparer les résultats.