Accusés d’avoir « arrangé » 160 M$ de contrats
L’UPAC arrête huit personnes pour fraude et corruption, dont l’ex-bras droit de l’ancien maire Gérald Tremblay
L’Unité permanente anticorruption a frappé fort hier dans la garde rapprochée de l’ex-maire de Montréal Gérald Tremblay. Elle a arrêté huit personnes qui auraient trempé dans un stratagème de contrats truqués totalisant 160 millions $, en retour de financement politique.
Gérald Tremblay, qui a toujours déclaré n’avoir rien su des malversations alléguées dans son administration, n’est accusé de rien. Mais son ancien bras droit, l’ex-président du comité exécutif Frank Zampino, fait partie des gens arrêtés.
Bernard Trépanier (surnommé Monsieur 3 %), qui s’occupait du financement du parti du maire (Union Montréal), a également été accusé, tout comme Robert Marcil, ex-directeur des travaux publics à la Ville.
Cinq dirigeants de firmes d’ingénierie, dont l’influent Bernard Poulin, fondateur de la firme Groupe SM, font aussi l’objet d’accusations (voir ci-contre) pour la période comprise entre 2001 et 2009.
« L’enquête tend à démontrer qu’il existait un réseau de firmes de génie-conseil, de fonctionnaires municipaux ainsi que d’un élu [Zampino] qui, entre eux, avaient élaboré un système de partage de contrats », soutient l’Unité permanente anticorruption (UPAC) dans un communiqué.
Les contours du stratagème criminel allégué ont été largement tracés à la commission Charbonneau : de nombreux contrats octroyés par la Ville à l’ère de Gérald Tremblay étaient « arrangés », ont soutenu de nombreux témoins. En retour, les firmes avantagées remettaient une ristourne de 3 % de la valeur des contrats, en argent comptant, pour financer le parti Union Montréal.
« JUSTICE SERA RENDUE »
Les arrestations ont été effectuées dans le cadre du projet Fronde, qui s’intéressait à l’origine au scandale des compteurs d’eau, le plus gros contrat de l’histoire de la Ville (355 M$) annulé en 2009 à cause de nombreuses irrégularités. L’enquête ouverte il y a huit ans s’est par la suite élargie pour se pencher sur plusieurs autres contrats octroyés par la Ville.
L’UPAC précise d’ailleurs que les arrestations d’hier « ne visent qu’un seul volet du projet d’enquête Fronde ».
Joint brièvement au téléphone, Gérald Tremblay n’a pas voulu accorder d’entrevue, prétextant que l’enquête de fond n’était pas terminée. « Un jour, justice sera rendue », a-t-il toutefois affirmé.
À l’hôtel de ville, l’actuel maire Denis Coderre a estimé que les problèmes de corruption étaient chose du passé.
« Si les gens ont confiance à nouveau, c’est parce qu’on a ramené cette intégrité et cette stabilité. On s’est donné des mécanismes qui nous ont permis de nous protéger contre la corruption et contre la collusion », a-t-il dit.
L’opération d’hier constitue la première frappe d’importance de l’UPAC depuis l’arrestation de l’ex-vice-première ministre Nathalie Normandeau, en mars 2016. - Avec la collaboration de Hugo Joncas, Andrea Valeria et Laurence Houde-Roy