Voir aussi la chronique de Richard Latendresse
Il en fait une de ces têtes, Donald Trump. Regardez-le dans ce type de contexte multinational — dans ce cas-ci, le siège de l’ONU, l’Assemblée générale, bref le top de la diplomatie mondiale — il fait toujours la gueule, hyper-sérieux, en maudit même. Faut dire que ce n’était pas jo-jo, ce qu’il avait à dire au reste de la planète.
D’abord, Donald Trump n’était pas venu là pour se faire des amis. Et de toute façon, à l’entendre, des amis, les États-Unis n’en ont pas beaucoup. Des ennemis, c’est autre chose : « le régime criminel de Bachar al-Assad », « le régime corrompu et déstabilisateur de Cuba », la « dictature socialiste de Nicolas Maduro » au Venezuela et les fameux « terroristes perdants », les losers comme il a choisi, après y avoir sérieusement réfléchi, de les appeler.
Puis, il y a la Corée du Nord et l’Iran, les pires vauriens. Trump n’a pas assez d’insultes pour les Iraniens : « un gouvernement qui cache une dictature corrompue », « un État-voyou dont les principales exportations sont la violence, le carnage et le chaos ». Oppressif, meurtrier, irréfléchi, rien de moins !
L’entente conclue entre scientifiques pour encadrer le programme nucléaire de Téhéran et s’assurer que le régime ne développe pas l’arme atomique ? « La pire que les États-Unis aient jamais signée. Un embarras ! »
On voit mal comment Donald Trump pourrait donner sa bénédiction au programme, lorsqu’une révision va se faire en octobre. Et déchirer l’accord sera tout un signal à ceux qui poussent pour en signer un avec les Nord-Coréens.
DESTROY !
La Corée du Nord, c’est l’autre bête noire de ce président. Il est tellement en fusil qu’il a trouvé un surnom à Kim Jong-un : Rocket Man pour les missiles que le leader nord-coréen se plaît à faire tirer. Pas sûr que le jeune Kim soit mécontent : elle s’écoute plutôt bien, la chanson d’Elton John.
Le président américain donne toutefois dans l’extrême surenchère. Il promettait aux Nord-Coréens le mois dernier « du feu et de la fureur comme le monde n’en a jamais vu », s’ils continuaient à menacer les États-Unis avec leur programme militaire. Hier, il a affirmé que les États-Unis pourraient bien ne plus avoir d’autre choix que de « détruire totalement la Corée du Nord ».
Non pas de saccager ses sites nucléaires, ni de renverser son gouvernement; carrément tout détruire. Encore là, lorsque Pyongyang va effectuer un autre test nucléaire ou balancer un nouveau missile au-dessus du Japon, ce sera quoi le prochain niveau de menaces ? « On va tout détruire, mais avant, on va vous arracher la tête et les ongles ! » ?
PRENEZ-MOI EN EXEMPLE !
Le moment le plus navrant du premier discours de Donald Trump à la tribune de l’ONU est survenu à la dixième minute. Il s’est engagé à toujours mettre les États-Unis de l’avant – America First – son slogan de campagne présidentielle. « Tout comme vos leaders vont toujours et devraient toujours le faire avec vos pays. »
Il a eu beau enchaîner avec le besoin d’« harmonie et unité pour créer un futur plus sécuritaire et pacifique pour tous », le message était clair : on s’occupe de nos affaires ! D’ailleurs, deux lignes plus loin, Trump ajoutait : « On ne se fera plus avoir. (…) Tant que je serai là, je défendrai les intérêts de l’Amérique avant tout. »
Cette vision de l’Amérique comme une « ville-phare sur la colline » que chérissait Ronald Reagan, oubliez-la ! On vient d’éteindre les lumières. Débrouillez-vous avec vos troubles !
Il est tellement en fusil qu’il a trouvé un surnom à Kim Jong-un : Rocket Man pour les missiles que le leader nord-coréen se plaît à faire tirer.