Le policier dit qu’il a défendu ses collègues
La foule était hostile, a plaidé l’agent hier
QUÉBEC | C’est pour défendre ses collègues « dans la marde » que le policier Charles-Scott Simard a tiré « en direction d’un groupe de 20, 30 manifestants vraiment hostiles » lors d’une manifestation, en mars 2015.
Après une dizaine de jours d’audition devant le Comité de déontologie policière, le policier du SPVQ Charles-Scott Simard, accusé d’avoir visé le visage d’une manifestante avec un irritant chimique lors d’une manifestation devant l’Assemblée nationale, en mars 2015, a finalement témoigné. Le policier fait face à deux accusations pour ne pas avoir utilisé son arme avec prudence et discernement.
Le préposé aux irritants chimiques (PIC) a d’abord indiqué qu’il n’a jamais été question de distance minimale pour tirer un Muzzle Blast, l’irritant chimique en question, sur des manifestants. Il a aussi précisé qu’on enseigne à tirer sur « le centre masse » d’un individu, tout comme avec l’arme de service, lors de ces formations.
Cette façon de faire est toutefois différente de celle enseignée par la Sûreté du Québec, qui demande de ne pas tirer à une distance de moins d’un mètre. La défense affirme cependant que l’arme était à 1,01 mètre de la manifestante Naomie Tremblay-Trudeau lors du tir la blessant au visage.
Quant aux débris qui retiennent la poudre expulsée lors de la décharge, ceuxci ne sont pas un facteur, selon le policier. « C’est un nuage de poudre qui sort du canon, comme une poignée de farine dans les airs », a-t-il dit.
« DANS LA MARDE »
Charles-Scott Simard dit qu’au moment des faits la foule de manifestants était « vraiment hostile », alors que la ligne de policiers avait été brisée. « Nos gars sont dans la marde, il faut qu’il se passe de quoi. »
Rappelant que tout s’est passé en une fraction de seconde, le PIC dit avoir visé un groupe de 20 ou 30 personnes menaçantes. « Mon action, c’était de mettre fin à la confrontation. J’ai pris action au meilleur de mes connaissances avec l’entraînement reçu », a-t-il plaidé avec assurance.
Il a poursuivi en disant n’avoir « jamais vu » la manifestante Naomie Tremblay-Trudeau lors de son tir. « J’ai tiré vers le groupe », a-t-il répété avec assurance.
En contre-interrogatoire, le policier a tout de même avoué qu’« un tir à bout portant va comporter une certaine notion de danger », tout en parlant des circonstances dans lesquelles celui-ci était effectué.
Le capitaine du SPVQ Pascal Roy, venu comme expert en maintien de l’ordre et formateur à l’époque des événements, a indiqué qu’on enseignait aux PIC à « pointer la ceinture avec l’arme ». Par contre, il a corroboré le témoignage du policier Scott en ajoutant : « Est-ce qu’on peut tirer au visage ? Oui. Eu égard aux circonstances. »