Le Journal de Montreal

Le policier dit qu’il a défendu ses collègues

La foule était hostile, a plaidé l’agent hier

- NICOLAS SAILLANT

QUÉBEC | C’est pour défendre ses collègues « dans la marde » que le policier Charles-Scott Simard a tiré « en direction d’un groupe de 20, 30 manifestan­ts vraiment hostiles » lors d’une manifestat­ion, en mars 2015.

Après une dizaine de jours d’audition devant le Comité de déontologi­e policière, le policier du SPVQ Charles-Scott Simard, accusé d’avoir visé le visage d’une manifestan­te avec un irritant chimique lors d’une manifestat­ion devant l’Assemblée nationale, en mars 2015, a finalement témoigné. Le policier fait face à deux accusation­s pour ne pas avoir utilisé son arme avec prudence et discerneme­nt.

Le préposé aux irritants chimiques (PIC) a d’abord indiqué qu’il n’a jamais été question de distance minimale pour tirer un Muzzle Blast, l’irritant chimique en question, sur des manifestan­ts. Il a aussi précisé qu’on enseigne à tirer sur « le centre masse » d’un individu, tout comme avec l’arme de service, lors de ces formations.

Cette façon de faire est toutefois différente de celle enseignée par la Sûreté du Québec, qui demande de ne pas tirer à une distance de moins d’un mètre. La défense affirme cependant que l’arme était à 1,01 mètre de la manifestan­te Naomie Tremblay-Trudeau lors du tir la blessant au visage.

Quant aux débris qui retiennent la poudre expulsée lors de la décharge, ceuxci ne sont pas un facteur, selon le policier. « C’est un nuage de poudre qui sort du canon, comme une poignée de farine dans les airs », a-t-il dit.

« DANS LA MARDE »

Charles-Scott Simard dit qu’au moment des faits la foule de manifestan­ts était « vraiment hostile », alors que la ligne de policiers avait été brisée. « Nos gars sont dans la marde, il faut qu’il se passe de quoi. »

Rappelant que tout s’est passé en une fraction de seconde, le PIC dit avoir visé un groupe de 20 ou 30 personnes menaçantes. « Mon action, c’était de mettre fin à la confrontat­ion. J’ai pris action au meilleur de mes connaissan­ces avec l’entraîneme­nt reçu », a-t-il plaidé avec assurance.

Il a poursuivi en disant n’avoir « jamais vu » la manifestan­te Naomie Tremblay-Trudeau lors de son tir. « J’ai tiré vers le groupe », a-t-il répété avec assurance.

En contre-interrogat­oire, le policier a tout de même avoué qu’« un tir à bout portant va comporter une certaine notion de danger », tout en parlant des circonstan­ces dans lesquelles celui-ci était effectué.

Le capitaine du SPVQ Pascal Roy, venu comme expert en maintien de l’ordre et formateur à l’époque des événements, a indiqué qu’on enseignait aux PIC à « pointer la ceinture avec l’arme ». Par contre, il a corroboré le témoignage du policier Scott en ajoutant : « Est-ce qu’on peut tirer au visage ? Oui. Eu égard aux circonstan­ces. »

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PHOTO D’ARCHIVES, LE JOURNAL DE QUÉBEC Naomie Tremblay-Trudeau a été blessée au visage lorsque le policier Charles-Scott Simard a tiré dans une foule lors d’une manifestat­ion en mars 2015.

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