Trudeau discute du bouclier antimissile
La menace nord-coréenne semble modifier sa position
OTTAWA | Justin Trudeau a entrouvert la porte à une éventuelle adhésion du Canada au bouclier antimissile américain, hier, une possibilité qu’il avait pourtant écartée catégoriquement il ya à peine trois semaines.
« Notre position n’a pas changé sur le bouclier pour l’instant, mais nous continuons de regarder et de veiller de façon responsable à la sécurité des Canadiens », a déclaré le premier ministre en conférence de presse à Ottawa.
Interrogé sur la menace nucléaire nord-coréenne à la fin août à Montréal, Justin Trudeau n’avait pourtant laissé aucun doute sur la question du bouclier.
« Notre position de longue date sur cet enjeu ne va pas changer de sitôt », avait-il déclaré.
Le gouvernement libéral de Paul Martin a refusé, en 2005, une proposition de participer au programme de défense antimissile américain. Ce système permet, à l’aide de radars et de missiles, d’abattre dans les airs des engins balistiques ennemis.
Hier, le bureau du ministre de la Défense Harjit Sajjan a confirmé que le gouvernement Trudeau n’écartait aucune avenue en matière de défense du territoire.
La nouvelle politique de défense canadienne, adoptée au printemps, confirme cette intention, précise-t-on.
« Le nombre de pays ayant accès à la technologie des missiles balistiques, dont certains ont les moyens d’atteindre l’Amérique du Nord, a augmenté et devrait continuer de croître et de devenir plus complexe. Les essais fréquents d’armes nucléaires et de missiles de la Corée du Nord illustrent ce point », peut-on lire dans le document.
REVOIR SA POSITION
À la lumière de ces menaces, des voix s’élèvent pour demander à Ottawa de revoir sa position historique sur le bouclier antimissile. D’ailleurs, un lieutenant-général canadien a confirmé, la semaine dernière, que les États-Unis ne seraient pas tenus de protéger le Canada si celui-ci était visé par un missile étranger.
Sans plaider pour une adhésion au bouclier, le député conservateur Pierre Paul-Hus est d’avis que les libéraux ont la responsabilité d’en débattre et d’éventuellement prendre une décision.
« On n’est pas une cible de la Corée du Nord, c’est bien clair, soutient M. Paul-Hus. Mais par accident, on ne sait jamais ce qui peut arriver, si un envoi de missile ne va pas dans la bonne direction, on n’est pas en moyen de se protéger parce que les Américains n’ont aucune obligation de le faire. »