Assainir l’ambiance
Les allégations d’Yves Francoeur concernant Jean-Marc Fournier et Raymond Bachand manquent de crédibilité à plusieurs égards. La déclaration qu’il a fournie à la SQ ne rapporte pas des faits dont il a eu connaissance, mais dont il a entendu parler.
Pas pour rien qu’aucun parti d’opposition n’a repris le sujet à l’occasion de la période de questions, hier à l’Assemblée nationale.
Demeure que cette déposition existe et que n’importe quel média qui aurait mis la main dessus en aurait rapporté le contenu. La publicité qui en aura découlé aura au moins eu pour effet de hâter l’enquête.
QU’EST-CE QUI COINCE ?
N’empêche que les soupçons s’accumulent, non pas contre M. Fournier, mais quant à la capacité de nos institutions policières et juridiques de mener à bien les investigations qui concernent le monde politique. On se rappellera cette filature d’Eddie Brandone, abandonnée après qu’il eut été observé en compagnie de Jean Charest.
On attend depuis un temps interminable que soit conclue la mégaenquête « Mâchurer », qui s’intéresse à Marc Bibeau, proche de M. Charest et grand argentier du Parti libéral sous son règne. Cinq ans après le retrait de la politique de l’ancien premier ministre, qu’est-ce qui coince encore ?
En affirmant qu’une vérification concernant des ministres de l’époque était bloquée, le leader syndical Francoeur se trouvait donc à enfoncer une porte ouverte. À moins que des éléments inconnus ne viennent corroborer ses dires, l’histoire en restera là.
IMAGE D’INDÉPENDANCE
Il y aurait une solution simple qui permettrait de renforcer l’image d’imperméabilité de l’Unité permanente anticorruption et du Directeur des poursuites criminelles et pénales face au pouvoir politique. Ce serait de confier la nomination de leur dirigeant à l’ensemble des députés de l’Assemblée nationale plutôt qu’aux seuls membres du gouvernement.
Ceux-ci ont refusé, jusqu’ici, de céder ce pouvoir. En y réfléchissant bien, ils constateraient peut-être que cela permettrait d’assainir l’ambiance pour eux aussi.