Un gouvernement en attente
Pour « transformer » le Québec comme il le désire, Philippe Couillard et son équipe devraient envoyer des signaux de propositions structurantes et de chantiers à mettre en branle.
Or, il n’en est rien. Dans les officines du gouvernement, on chuchote déjà que le menu de nouvelles propositions législatives sera plutôt mince pour la dernière année du mandat.
Bien sûr, les élus seront occupés à faire adopter des projets de loi déposés le printemps dernier.
Au premier chef, celui sur la neutralité religieuse, mais aussi ceux sur l’instruction publique, sur les chiens dangereux et sur le port de l’uniforme pour les policiers.
Mais pour ce qui est des nouveautés, au-delà de l’attendu encadrement de la légalisation de la marijuana, il y a très peu sur le radar.
La ministre du Travail, Dominique Vien, présentera une réforme du Code du travail, qui doit donner plus de temps aux familles, à la demande du premier ministre.
Il est question d’accorder une semaine de vacances supplémentaires aux Québécois, mais, en marge du caucus de la rentrée des libéraux à Val-d’Or, M. Couillard a échappé que ce serait possiblement appliqué « seulement dans un deuxième mandat ».
On admet à son cabinet qu’il est presque impensable d’opérer un tel changement d’ici l’élection de 2018.
Pour le reste, même lorsque l’on tend l’oreille, on ne perçoit aucune rumeur de grandes transformations mises en branle.
Plutôt un monotone mais rassurant ronronnement. Au pouvoir hypnotique.
Comme lorsque le ministre Pierre Arcand répond aux questions des journalistes…
RÉNOVER QUOI ?
Parce que son gouvernement a réduit comme peau de chagrin la hausse des dépenses dans des ministères névralgiques en première portion de mandat et qu’il a équilibré les finances publiques, Philippe Couillard dit avoir terminé une phase de « rénovation » lui permettant de passer à la « transformation ».
Mais outre quelques exceptions, dont Gaétan Barrette à la Santé, les ministres ont rénové bien peu de choses jusqu’ici.
Certains se sont contentés de changer les rideaux pendant que la toiture coulait.
Sommes-nous témoins d’un gouvernement déjà en attente, plus soucieux d’une nécessaire présence « sur le terrain » pour assurer sa réélection ?
L’important remaniement en vue pourra-t-il dynamiser les troupes en fin de mandat ?
DÉTACHÉ
D’ici là, l’attitude détachée de Laurent Lessard, qui attend impatiemment d’être soulagé du ministère des Transports, illustre le manque de vigueur gouvernementale.
Pris en défaut par le péquiste Mathieu Traversy, qui lui a remis sous le nez l’absence de solution pour le parachèvement de l’autoroute 19, pourtant promis « avant la fin de l’été », Lessard rigolait avec ses collègues des banquettes libérales.
« On sait que le ministre n’est pas réputé pour s’activer l’hiver, est-ce qu’il pourrait le faire au moins l’été ? » a lancé, assassin, le député de Terrebonne.
Mais Lessard n’a pas sourcillé…