Premier Aviation vendue à des intérêts américains
Au même moment, Trois-Rivières décroche un contrat majeur de 500 M$
Nouvelle douce-amère pour l’industrie aérospatiale du Québec. Au moment où Premier Aviation de Trois-Rivières décrochait un contrat majeur de 500 millions $ pour assurer l’entretien de 125 appareils d’Air Canada, hier, l’entreprise passait sous le contrôle d’intérêts américains.
C’est un siège social de plus qui quitte le Québec. L’entreprise fera désormais partie du groupe AAR, basé à Wood Dale, dans l’Illinois.
ENTENTE AVEC AIR CANADA
AAR se porte acquéreur de deux des quatre installations de Premier Aviation, soit celles de Trois-Rivières et de Windsor, en Ontario. « Nous sommes enthousiastes d’ajouter cette main-d’oeuvre expérimentée et ces installations de classe mondiale à notre réseau », a déclaré le président d’AAR, John Holmes.
AAR a signé une entente de 10 ans pour la maintenance des cellules des appareils à fuselage étroit A319, A320 et A321 d’Airbus, d’Air Canada.
Les deux sociétés ont aussi renouvelé pour cinq ans un accord d’entretien des appareils E190 d’Embraer que possède Air Canada.
L’expertise de quelque 350 mécaniciens d’aéronef sera requise pour ces deux contrats réalisés aux installations de maintenance, réparation et révision situées à l’aéroport de Trois-Rivières.
« Notre appel d’offres [recommandait] que le travail soit fait au Québec », a indiqué une porte-parole d’Air Canada, Isabelle Arthur.
« Un de nos objectifs a toujours été de fournir le plus de travail possible à des fournisseurs canadiens de services de maintenance selon l’expertise disponible. Et maintenant, tous nos appareils à fuselage étroit d’Air Canada seront entretenus au Québec. »
Ce contrat fait suite à la fermeture il y a un peu plus de cinq ans de l’entreprise d’entretien aéronautique Aveos, un important sous-traitant d’Air Canada, qui détenait des installations au Québec.
« ON PERD LE SIÈGE SOCIAL »
Jean Poirier, qui représente les ex-employés de cette entreprise, voit d’un bon oeil l’annonce, mais déplore le départ d’un autre siège social québécois vers les États-Unis, estimant qu’on essaie ainsi de « dorer la pilule ».
« On perd le siège social, mais ceux qui nous achètent nous donnent un contrat de 10 ans. Ça paraît toujours mieux. Il faut savoir qu’avant, toutes les décisions étaient prises au Québec, ça ne sera plus le cas. On espère qu’ils vont maintenir l’expertise ici à long terme. »
Premier Aviation n’a pas donné suite aux demandes d’entrevue du Journal, hier.
Le maire de Trois-Rivières, Yves Lévesque, s’est montré très satisfait de l’annonce. Il ne s’est toutefois pas prononcé sur le départ de cet important siège social de sa ville.