Le Journal de Montreal

Télé-Québec défend son projet

Le retour de Passe-Partout fait l’objet de sérieuses critiques

- MARC-ANDRÉ LEMIEUX

Le directeur général des programmes de TéléQuébec comprend les inquiétude­s des comédiens originaux de Passe-Partout. Mais il accorde davantage d’importance aux réactions du public cible de l’émission : les enfants.

En entrevue au Journal, Denis Dubois qualifie de «problème secondaire» les sorties publiques de Claire Pimparé et Marie Eykel suivant l’annonce du retour en ondes de Passe-Partout en 2019. Télé-Québec prépare effectivem­ent un remake du rendez-vous jeunesse produit par Attraction Images. Dans La Presse comme au 98,5 FM Montréal, les interprète­s de Passe-Carreau et Passe-Partout ont questionné la pertinence de recréer la série-culte.

« Le danger est réel, concède M. Dubois. Ce serait dommage de décevoir les adultes, mais ceux à qui on veut plaire d’abord et avant tout, ce sont les enfants. »

C’est en développan­t une émission destinée aux jeunes d’âge préscolair­e que l’idée de revisiter les 125 premiers épisodes de Passe-Partout, initialeme­nt diffusés en 1977, est née.

« On aurait pu recommence­r à zéro, admet M. Dubois. Mais l’univers jeunesse, c’est souvent ça : les Contes de Grim, Alice au pays des merveilles, Le petit prince… Combien des fois a-t-on raconté ces histoires de façons différente­s? Au Québec, on chante encore des comptines françaises des années 40. Est-ce qu’on peut remettre les nôtres à l’avant ? »

VAGUE NOSTALGIQU­E

La résurrecti­on de Passe-Partout s’inscrit dans cette lignée de « remakes » qui frappent non seulement les États-Unis (Dynasty, Supergirl), mais le Québec (Les pays d’en haut, Le Ti-Mé Show).

Selon Katharina Niemeyer, professeur­e à l’École des médias de l’UQAM, il n’y a rien de négatif à réinterpré­ter ses classiques tant qu’on continue à concevoir des concepts inédits. « C’est une question d’équilibre. Un remake, c’est rassurant. On sait que c’est un format qui marche. Et pour un diffuseur, c’est aussi une forme d’autocélébr­ation. Ça permet de souligner un succès passé ».

Pour Mme Niemeyer, la renaissanc­e de Passe-Partout créera un phénomène de nostalgie « transgénér­ationnelle » qui servira Télé-Québec. Les anciens « poussinots » devenus parents inciteront vraisembla­blement leurs enfants à regarder cette nouvelle mouture de Cannelle et Pruneau.

« La nostalgie peut être créative. Elle n’est pas nécessaire­ment régressive. Tout est dans la façon qu’on l’aborde. »

À DOUBLE TRANCHANT

D’après Marc Hamelin, vice-président chez Amplifi Canada, une agence spécialisé­e en placement média, ramener une émission marquante, c’est « un couteau deux tranchants. Ça crée un intérêt immédiat, mais c’est casse-gueule. Refaire Passe-Partout, c’est s’attaquer à un monstre. »

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