Le sport comme bouée de sauvetage
Cinquante millions de dollars sont versés aux sportifs handicapés
Sans le sport, Cindy Ouellet et Charles Moreau n’auraient jamais pu se sortir la tête hors de l’eau quand ils ont vu leurs capacités diminuer.
La première a été foudroyée par un cancer des os à l’âge de 12 ans, perdant ainsi l’usage de son côté gauche, tandis que le second a encaissé une sévère collision en voiture le rendant paraplégique au beau milieu de la vingtaine.
« J’étais un triathlonien avant mon accident sur le pont Laviolette à Trois-Rivières, en 2008. Après mon accident, il fallait que je continue. J’ai fait du paratriathlon jusqu’en 2012 et j’ai ensuite commencé le paracyclisme. Le sport a été ma bouée de sauvetage », raconte Charles Moreau, qui a une très belle carrière sportive.
Sur son vélo adapté, il a remporté une multitude de médailles en Coupe du monde, Jeux panaméricains et Jeux olympiques. L’an dernier, il est revenu de Rio avec deux médailles de bronze au cou.
« Dans ma réadaptation, c’est ma physiothérapeute qui m’a introduite aux sports. Je ne connaissais pas les sports paralympiques, relate Cindy Ouellet, qui a trouvé son sport, le basketball en fauteuil roulant. Le sport m’a gardée active. Je carbure à la compétition. »
Ouellet et Moreau sont donc la preuve vivante qu’après les très durs obstacles qu’ils ont traversés, leur vie sportive ne s’est pas arrêtée. Hier, quand ils ont entendu que Canadian Tire s’engageait à verser 50 M$ à la Fondation Bon départ pour soutenir les enfants canadiens ayant un handicap et les inciter à faire du sport, ils ne pouvaient que se réjouir. Ils sont mieux placés que quiconque pour expliquer les difficultés de se lancer dans un sport afin de réaliser un nouveau rêve.
BEAUCOUP D’AIDE
Trop souvent, l’accessibilité aux sports est une barrière pour un enfant handicapé. À cela peuvent également s’ajouter de faibles ressources financières.
« Quand on commence, on a besoin de beaucoup d’aide dans toutes les situations. Juste ça, c’est un obstacle. Ça devient fatigant de demander toujours de l’aide », explique Moreau, dans son fauteuil roulant.
« C’est aussi beaucoup plus cher qu’un sport régulier. Parfois, l’équipement coûte trois ou quatre fois plus cher, renchérit-il, heureux que le programme vise aussi les plus démunis. Mon vélo coûte entre 15 000 et 20000 $. Dans mon cas, j’ai été chanceux. J’ai reçu beaucoup d’aide de ma communauté à Victoriaville. »
Le sentiment de ne pas se sentir à part des autres est aussi important, selon Cindy Ouellet. Les athlètes handicapés doivent être reconnus au même titre que les athlètes. Le mouvement olympique canadien a d’ailleurs déjà entamé une fusion entre les deux mondes, tantôt si près et tantôt encore si loin.
MOINS VISIBLES
Les athlètes paralympiques doivent également composer avec une moins grande visibilité. Malgré ses deux médailles olympiques, Charles Moreau doit travailler plus fort pour dénicher des commandites, qui l’aident à rehausser son équipement.
La hockeyeuse Caroline Ouellette a vécu un sentiment semblable alors que le hockey féminin a toujours évolué dans l’ombre des hommes professionnels.
« C’est triste de voir la visibilité des Jeux paralympiques, lâche celle qui est la quadruple championne olympique. Ces athlètes sont passés par de plus gros obstacles. »
Pourtant, ceux-ci s’entraînent tout aussi fort que les autres. Il reste encore beaucoup de chemin avant qu’ils soient reconnus au même titre que les athlètes réguliers.