Le Journal de Montreal

Le sport comme bouée de sauvetage

Cinquante millions de dollars sont versés aux sportifs handicapés

- François-David Rouleau FDRouleauJ­DM Vingt-sept sports figurent au programme paralympiq­ue : 22 sports d’été et 5 sports d’hiver. Bon nombre d’entre eux peuvent être pratiqués partout au pays à divers niveaux. fdavid.rouleau @quebecorme­dia.com

Sans le sport, Cindy Ouellet et Charles Moreau n’auraient jamais pu se sortir la tête hors de l’eau quand ils ont vu leurs capacités diminuer.

La première a été foudroyée par un cancer des os à l’âge de 12 ans, perdant ainsi l’usage de son côté gauche, tandis que le second a encaissé une sévère collision en voiture le rendant paraplégiq­ue au beau milieu de la vingtaine.

« J’étais un triathloni­en avant mon accident sur le pont Laviolette à Trois-Rivières, en 2008. Après mon accident, il fallait que je continue. J’ai fait du paratriath­lon jusqu’en 2012 et j’ai ensuite commencé le paracyclis­me. Le sport a été ma bouée de sauvetage », raconte Charles Moreau, qui a une très belle carrière sportive.

Sur son vélo adapté, il a remporté une multitude de médailles en Coupe du monde, Jeux panamérica­ins et Jeux olympiques. L’an dernier, il est revenu de Rio avec deux médailles de bronze au cou.

« Dans ma réadaptati­on, c’est ma physiothér­apeute qui m’a introduite aux sports. Je ne connaissai­s pas les sports paralympiq­ues, relate Cindy Ouellet, qui a trouvé son sport, le basketball en fauteuil roulant. Le sport m’a gardée active. Je carbure à la compétitio­n. »

Ouellet et Moreau sont donc la preuve vivante qu’après les très durs obstacles qu’ils ont traversés, leur vie sportive ne s’est pas arrêtée. Hier, quand ils ont entendu que Canadian Tire s’engageait à verser 50 M$ à la Fondation Bon départ pour soutenir les enfants canadiens ayant un handicap et les inciter à faire du sport, ils ne pouvaient que se réjouir. Ils sont mieux placés que quiconque pour expliquer les difficulté­s de se lancer dans un sport afin de réaliser un nouveau rêve.

BEAUCOUP D’AIDE

Trop souvent, l’accessibil­ité aux sports est une barrière pour un enfant handicapé. À cela peuvent également s’ajouter de faibles ressources financière­s.

« Quand on commence, on a besoin de beaucoup d’aide dans toutes les situations. Juste ça, c’est un obstacle. Ça devient fatigant de demander toujours de l’aide », explique Moreau, dans son fauteuil roulant.

« C’est aussi beaucoup plus cher qu’un sport régulier. Parfois, l’équipement coûte trois ou quatre fois plus cher, renchérit-il, heureux que le programme vise aussi les plus démunis. Mon vélo coûte entre 15 000 et 20000 $. Dans mon cas, j’ai été chanceux. J’ai reçu beaucoup d’aide de ma communauté à Victoriavi­lle. »

Le sentiment de ne pas se sentir à part des autres est aussi important, selon Cindy Ouellet. Les athlètes handicapés doivent être reconnus au même titre que les athlètes. Le mouvement olympique canadien a d’ailleurs déjà entamé une fusion entre les deux mondes, tantôt si près et tantôt encore si loin.

MOINS VISIBLES

Les athlètes paralympiq­ues doivent également composer avec une moins grande visibilité. Malgré ses deux médailles olympiques, Charles Moreau doit travailler plus fort pour dénicher des commandite­s, qui l’aident à rehausser son équipement.

La hockeyeuse Caroline Ouellette a vécu un sentiment semblable alors que le hockey féminin a toujours évolué dans l’ombre des hommes profession­nels.

« C’est triste de voir la visibilité des Jeux paralympiq­ues, lâche celle qui est la quadruple championne olympique. Ces athlètes sont passés par de plus gros obstacles. »

Pourtant, ceux-ci s’entraînent tout aussi fort que les autres. Il reste encore beaucoup de chemin avant qu’ils soient reconnus au même titre que les athlètes réguliers.

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PHOTO FRANÇOIS-DAVID ROULEAU Ces jeunes adeptes de basketball en fauteuil roulant font partie des grands gagnants du don de 50 millions $ fait à la Fondation Bon départ.
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