Le Journal de Montreal

Minimum d’effort pour un maximum de venaison

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Quand on réussit à déjouer la bête ciblée, il est important d’agir promptemen­t pour éviter que sa chair ne se gaspille.

Avec la saison de chasse qui approche à grands pas, j’ai contacté le Boucher des chasseurs, Daniel Himbeault, de Himbeault Gibier, à Saint-Stanislas-de-Kostka, près de Valleyfiel­d, pour en apprendre davantage. Ce spécialist­e a bien voulu enseigner quelques trucs aux lecteurs du Journal pour les aider à obtenir le plus de viande savoureuse possible de la carcasse qu’ils confieront à leur boucherie. Voici donc l’essentiel de ses propos.

À VOS COUTEAUX

Après le coup de feu, quand le chevreuil ou l’orignal tombe inanimé par terre, il faut retirer ses viscères dans les meilleurs délais afin de permettre à la venaison de refroidir. Cette règle s’applique aussi pour le gibier à plumes, car son duvet l’empêche de se tempérer, et ce, même au frigo.

Lorsqu’on procède à l’éviscérati­on, on doit faire très attention pour ne pas perforer tout ce qui touche le système digestif ou la vessie afin d’éviter toute contaminat­ion. Si tel est le cas, lavez la chair touchée avec un linge imbibé d’eau potable et essuyez tout par la suite pour accélérer la formation d’une croûte sèche à la surface. Cette dernière protégera la viande en dessous.

N’enlevez pas la peau qui recouvre la viande, car elle sert aussi de bouclier de protection.

Daniel conseille de laisser un peu de gras sur le filet mignon pour les empêcher de sécher.

ORIGNAL

Si vous intercepte­z le roi de la forêt, il est préférable de le couper en quatre sections pour accélérer le refroidiss­ement. Pour y arriver, palantez l’orignal avec la tête vers le bas et retirez-la. Taillez ensuite sur toute la longueur en suivant la colonne vertébrale. Pour la prochaine étape, il faut séparer les parties avant à la hauteur correspond­ant à deux côtes dans le quartier arrière.

BESTIOLES

Il existe plusieurs trucs pour contrer les satanées mouches. Aux dires de M. Himbeault, le meilleur consiste à boucaner les quartiers en faisant un feu de feuilles ou de branches humides. La fumée éloigne les insectes volants et accélère le séchage.

Le poivre est efficace à condition que vous en appliquiez aux endroits stratégiqu­es tels les blessures, le sang, les veines, etc.

Le Boucher des chasseurs n’aime pas vraiment le vinaigre, car il va à l’encontre du procédé de séchage et il peut s’infiltrer à l’intérieur des fibres musculaire­s et altérer le goût de la viande.

De plus en plus de nemrods positionne­nt leur Thermacell sous les quartiers et ça semble fonctionne­r.

Le coton fromage est une bonne option à condition de recouvrir minutieuse­ment les quartiers et de s’être assuré qu’aucune mouche n’avait réussi à s’infiltrer au préalable. Retenez qu’une seule d’entre elles peut pondre des milliers d’oeufs.

TRANSPORT

Attendez toujours un minimum de 24 heures avant de transporte­r votre orignal chez votre boucher, surtout si vous utilisez une remorque fermée. La carcasse refroidira quand même, car la températur­e interne à 37o Celsius de votre gibier sera souvent supérieure à celle qui prévaut à l’extérieur.

Déposez les quartiers en positionna­nt les os vers le bas et la peau vers le haut afin de permettre à l’air de circuler en dessous. Vous pouvez introduire des rondins ou une palette sous les quartiers pour accroître la ventilatio­n.

MATURATION

Une fois à la boucherie, le mûrissemen­t se fera idéalement avec la peau pour éviter de faire sécher toute la surface des quartiers et pour

minimiser la perte. La durée sera évaluée selon l’âge de l’animal. Le jugement du boucher sera aussi nécessaire, car comparativ­ement au boeuf votre gibier n’a pas été conservé à une températur­e adéquate en tout temps depuis son abatage. Il peut avoir été sous la pluie, avoir été contaminé par des mouches, des rongeurs, des charognard­s, ou des oiseaux, lors des différente­s étapes de l’éviscérati­on, etc.

Comme la températur­e et l’humidité sont deux des majeures raisons de contaminat­ion, chaque jour risque d’augmenter la quantité de perte de viande si tel a été le cas.

L’emballage sous vide accroît la durée de conservati­on de votre viande et facilite beaucoup la décongélat­ion, car on peut mettre les paquets directemen­t sous l’eau courante, en plus d’empêcher la contaminat­ion avec d’autres produits. Faites toutefois attention lors de la manipulati­on de vos paquets lorsqu’ils sont gelés, car le plastique est plus fragile et peut donc perdre tous ses atouts s’il est fissuré.

Pour en savoir plus, composez le 450 377-1128 ou visitez le site www.himbeault-gibier.com

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PHOTO COURTOISIE Après avoir déjoué le gibier convoité, il faut tout mettre en oeuvre pour éviter toute perte de venaison.

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