Le Journal de Montreal

Les fours à bagels menacés

Des voisins des célèbres boulangeri­es du Mile-End dénoncent les rejets toxiques de la cuisson au bois

- MATTHIEU PAYEN matthieu.payen@quebecorme­dia.com 514-503-2624

Leurs fours à bois font de Fairmount Bagel et St-Viateur Bagel des institutio­ns à Montréal, mais ils sont désormais menacés par des voisins qui se plaignent de leur fumée toxique.

Un groupe de citoyens ira lundi devant le conseil municipal pour demander l’applicatio­n du règlement municipal sur l’assainisse­ment de l’air et, s’il le faut, faire interdire ces fours à bois.

Les deux enseignes historique­s du Mile-End ont fait des efforts dernièreme­nt pour réduire les dégagement­s de leurs cheminées, mais leurs voisins ne sont toujours pas satisfaits.

François Grenier est le premier à s’être plaint de la nuisance. Depuis sa première crise d’asthme en 1997, le résident de la rue Clark a porté plainte chaque année à la Ville pour dénoncer la fumée qui sort nuit et jour, 365 jours par an de Fairmount Bagel, installé dans le Mile-End depuis 1951.

« Quand je me suis installé il y a 25 ans, il y avait une bonne odeur de boulangeri­e dans le quartier, se souvient le Montréalai­s. Aujourd’hui, c’est devenu une industrie qui alimente des Costco. »

SANTÉ

Comme plusieurs résidents du secteur, M. Grenier garde ses fenêtres fermées quand le vent souffle dans sa direction, sinon la fumée entre et la suie se dépose sur les meubles.

Mais la plus grave nuisance concerne la santé. Le feu de bois contient des centaines d’éléments toxiques comme des particules fines, du gaz carbonique ou des composés cancérigèn­es comme les dioxines et les furanes, selon le Directeur de la santé publique.

M. Grenier est d’autant plus en colère d’y être exposé que la Ville a adopté dès 1998 un règlement sur l’assainisse­ment de l’air.

Des mesures ont d’ailleurs été prises contre les poêles à bois résidentie­ls qui seront interdits à Montréal en 2018. Les rôtisserie­s au charbon du Plateau-Mont-Royal, ont elles aussi subi les foudres de la Ville en 2012 avec des amendes de plus de 50 000 $ qui ont fait fermer des commerces.

9 À 15 FOIS LA LIMITE

La Ville de Montréal a attendu 2009 pour mener un premier test sur la cheminée de Fairmount Bagel. Elle dégageait alors 9 à 15 fois le taux maximal autorisé de particules toxiques.

Depuis, la compagnie a fait installer un épurateur qui a réduit les taux de particules fines à quatre fois la limite.

« C’est bien beau de démontrer un effort, mais on demande à ce qu’ils se conforment au règlement », dit Dominique Charbonnea­u, voisine de M. Grenier et mère de trois enfants, dont un bébé de 6 mois.

La Ville a donné récemment deux constats d’infraction de 5000 et 10 000 $ à Fairmount Bagel pour des dégagement­s non conformes et parce que l’épurateur ne fonctionna­it pas en permanence. Aucune des deux amendes n’a été payée.

Le propriétai­re de la boulangeri­e, Irwin Schlafman, n’a pas souhaité répondre à nos questions lorsque nous l’avons rencontré dans son commerce.

La Ville refuse quant à elle de commenter le dossier puisque l’affaire est devant les tribunaux.

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 ?? PHOTO MATTHIEU PAYEN ?? François Grenier lutte contre les rejets de la cheminée de Fairmount Bagel (entourée en rouge), située près de sa résidence. Il a été rejoint dans son combat par Dominique Charbonnea­u, qui tient dans ses bras son petit Edgar, âgé de 6 mois.
PHOTO MATTHIEU PAYEN François Grenier lutte contre les rejets de la cheminée de Fairmount Bagel (entourée en rouge), située près de sa résidence. Il a été rejoint dans son combat par Dominique Charbonnea­u, qui tient dans ses bras son petit Edgar, âgé de 6 mois.

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