Un peu de hauteur MM. Couillard et Trudeau
L’attitude de l’Espagne face au référendum organisé par le gouvernement régional catalan est déplorable. Il est légitime que les Catalans puissent tenir une consultation populaire concernant leur appartenance à l’Espagne. Le droit à l’autodétermination des peuples dans le cadre d’un exercice démocratique sain est internationalement reconnu.
Jusqu’à maintenant, les dirigeants politiques québécois et canadiens ont évité de faire face aux questions fondamentales. Autant le gouvernement Trudeau que le gouvernement Couillard ont fait semblant de n’y voir qu’une simple question de politique interne espagnole dont nous n’aurions pas à nous mêler. Monsieur Couillard s’est seulement dit « préoccupé » par l’incarcération de maires.
Seuls les souverainistes québécois ont pris la parole publiquement pour dénoncer l’autoritarisme de Madrid. Or les souverainistes ne sont pas au pouvoir et leur parti pris pour les souverainistes de partout enlève du poids à leur intervention.
PRINCIPES FONDAMENTAUX
Il serait ridicule que le débat divise les fédéralistes et indépendantistes d’ici sur la base des arguments traditionnels entendus dans nos débats partisans locaux. Les principes qui sont en train d’être bafoués en Espagne sont bien plus fondamentaux et bien plus universels.
Imaginons-nous un instant une situation où lors des référendums tenus au Québec, le gouvernement fédéral aurait arrêté et emprisonné le Directeur général des élections du Québec. Pourquoi ? Parce qu’il organisait la consultation, imprimait des bulletins, réservait les locaux.
Imaginez-vous que le fédéral ait arrêté aussi des sous-ministres québécois qui auraient participé à la rédaction de la question ou à d’autres éléments de la préparation référendaire. Imaginez que des policiers de la GRC aient perquisitionné partout pour saisir les bulletins de vote avant l’exercice.
Imaginez qu’Ottawa ait menacé de mettre en état d’arrestation René Lévesque et ses ministres, tous les députés ayant voté pour la tenue du référendum à l’Assemblée. Arrêté aussi les maires et directeurs d’école qui prêtent les locaux pour la tenue du vote. Imaginez encore que pendant la campagne référendaire, Ottawa ait gelé les comptes bancaires du gouvernement du Québec.
DANGER IMMINENT
Transposé chez nous, voilà essentiellement ce qui se passe présentement en Catalogne. Et le peuple catalan est dans la rue, furieux d’un tel coup de force, d’un tel déni de démocratie. Même des Catalans qui songeaient à voter NON à l’indépendance se disent outrés par le comportement du gouvernement espagnol, qui agit au nom d’un article de la Constitution qui dit que l’Espagne est « indivisible ».
Les choses risquent de mal tourner. Madrid va avoir besoin d’un nombre de plus en plus grand de policiers (et de soldats ?) qui vont finir par faire quoi ?
Un pays comme le Canada qui a vécu l’expérience de tels exercices démocratiquement doit faire entendre sa voix. Pas pour encourager les Catalans à se séparer. Ce n’est pas de nos affaires. Mais pour réaffirmer des principes démocratiques fondamentaux… et pour mettre le gouvernement espagnol en garde contre les tentations d’une dérive autoritaire.
Faisant cela, les fédéralistes Couillard et Trudeau prendraient de la hauteur en rappelant que le Canada est une grande démocratie, un argument fort de leur côté.
Les Catalans descendent dans la rue pour défendre leur droit de décider de leur avenir