Le Journal de Montreal

Pas d’imposition de pourboire aux clients

Ils appuient son partage entre les employés du resto

- MARIE-ÈVE DUMONT

Plus des deux tiers des Québécois veulent avoir le choix de donner le pourboire qu’ils souhaitent au restaurant, selon un sondage publié hier.

La culture du pourboire à 15 % avant taxes est encore bien installée au Québec. Près de 70 % des Québécois laissent ce pourcentag­e sur la facture, mais 12 % des clients, dont une grande partie est anglophone, donnent habituelle­ment 20 % du montant de la facture avant taxes.

Le Journal rapportait hier que deux restaurate­urs montréalai­s ont cependant décidé d’augmenter le prix de leurs repas et d’interdire les pourboires pour garantir un salaire de 15 $ à 25 $ de l’heure à tous leurs employés.

Mais le consommate­ur n’aime pas se faire imposer des frais de service comme c’est le cas en France ou dans plusieurs autres pays du monde.

« On voit qu’il y a une volonté pour le client de garder un certain contrôle du pourboire pour juger de la qualité du service », explique Martin Vézina de l’Associatio­n des restaurate­urs du Québec, qui a commandé le sondage.

Plus de la moitié des clients sont cependant prêts à ce qu’il y ait un meilleur partage du pourboire et 77 % croient qu’un tel mécanisme devrait être installé entre tous les travailleu­rs. En ce moment, le restaurate­ur n’a pas le droit de mettre en place un tel système sans l’accord de tous les employés.

OUI AU PARTAGE

Au boulot de David Chrétien, serveur depuis 16 ans, 10 % du pourboire est remis aux cuisiniers, ce qui a changé l’ambiance de travail, selon lui. « La qualité du travail des cuisiniers est meilleure, ils sont plus impliqués, ça ne fait pas une grande différence pour moi, mais pour eux, oui », mentionne-t-il.

Le chef et propriétai­re du restaurant Europea, Jérôme Ferrer, aimerait bien que la loi change pour pouvoir l’instaurer dans son établissem­ent.

« Un resto, ça passe du plongeur, à la cuisine au service. Pour bien des gens, le service, ce n’est pas une carrière, mais un tremplin, et on paie ça au détriment de ceux qui consacrent leur temps pour se bâtir une carrière comme cuisinier. La répartitio­n est plus que nécessaire parce qu’il y en a qui sont amoureux du métier, mais se découragen­t », souligne-t-il.

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JÉRÔME FERRER chef et restaurate­ur

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