Ils sont métamorphosés après le pénitencier
Deux ennemis de la guerre des gangs de motards renoncent au monde interlope
L’heure de la retraite a sonné pour deux criminels notoires qui ont comploté plusieurs meurtres durant la guerre des motards, chacun au sein de bandes ennemies.
Richard « Dick » Mayrand, membre influent des Hells Angels du chapitre d’élite Nomads au moment de son arrestation, et Raymond Bouchard, complice de 16 assassinats du tueur à gages Gérald Gallant, semblent décidés à rester dans le droit chemin après avoir longuement réfléchi au pénitencier, d’après la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC).
C’est pourquoi Mayrand et Bouchard, qui purgent présentement le dernier tiers de leur peine d’incarcération à domicile, ont tous deux convaincu les autorités d’assouplir leurs conditions de mise en liberté la semaine dernière.
COUPER LES PONTS
« Vous avez tiré un trait sur votre ancien mode de vie », constate même la Commission dans le cas de l’ex-motard de 54 ans qui aurait fait disparaître ses tatouages à l’effigie des Hells.
Mayrand a écopé de 22 ans de taule pour complot de meurtres et gangstérisme avant de couper les ponts avec les Hells en 2009. Il avait refusé de leur tourner le dos même après la mort de son frère Michel dans la fameuse purge interne où les Hells ont éliminé cinq des leurs à Lennoxville, en 1985. Couché tôt, il vit maintenant selon la philosophie « un esprit sain dans un corps sain », écrit la CLCC. Son emploi du temps « se limite » au travail, à l’entraînement physique et à la vie familiale.
Mayrand – l’un des Hells ayant négocié la trêve avec les Rock Machine en 2001 après leur guerre qui a fait 160 morts – n’avait pas le droit d’aller dans des débits de boisson ni à la SAQ, depuis sa libération il y a un an. Il pourra y retourner puisqu’il boit « très peu d’alcool » et souhaite pouvoir sortir souper « en famille ou entre amis ».
50 ANS DANS LE CRIME
« Vous vous montrez engagé et déterminé à changer votre mode de vie afin de demeurer dans la collectivité », observe également la CLCC en parlant de Bouchard, qui respecte ses conditions de libération à la lettre depuis qu’il a quitté le pénitencier il y a deux mois.
Maintenant abstinent de toute drogue, Bouchard, 69 ans, de Québec, n’est pas autorisé à parler à quiconque ayant un casier judiciaire, mais la CLCC fera une exception, soit une amie qui a aussi surmonté la toxicomanie.
D’après la Commission, Bouchard avait passé plus de 50 ans de « fidélité sans faille » envers l’organisation criminelle du gang de l’Ouest et de son ancien leader, le caïd Raymond Desfossés.
Il avait notamment servi d’intermédiaire entre Desfossés, les Rock Machine et le tueur à gages Gérald Gallant pendant que ce clan livrait bataille aux Hells.
Lorsqu’il est devenu délateur pour la Sûreté du Québec, Gallant a impliqué Bouchard dans 16 de ses meurtres. En 2003, Gallant a abattu sa dernière victime, Christian Duchaine, au commerce Métal Beauport dont Bouchard était propriétaire et où la CLCC a interdit à celui-ci de remettre les pieds.